Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Dans le sillage de Judith Godrèche, qui a d’ailleurs prononcé un discours très remarqué lors des Césars il y a quelques jours, le sujet du harcèlement des femmes au cinéma est sur le devant de la scène ces dernières semaines. Interrogée sur le sujet, Karin Viard a livré une analyse en détails, avant d’évoquer l’écart de Gérard Depardieu avec elle…
C’est évidemment le sujet du moment : suite aux propos de Judith Godrèche, et plusieurs mois après les premières révélations sur Gérard Depardieu, les langues n’en finissent plus de se délier dans le monde du cinéma. L’idée est claire : mettre en lumière les injustices, le harcèlement, et les violences physiques et morales auxquelles les femmes ont pu être exposées depuis de nombreuses années. Et la dernière à s’exprimer sur le sujet n’est autre que Karin Viard.
Karin Viard dit avoir été abusée au cinéma, notamment par Depardieu
Invitée du plateau de « La bande originale » sur France Inter, elle a pris le soin de mesurer ses paroles sur ce sujet très épineux :
C’est un sujet qui est assez complexe. C’est un sujet qui porte en soi une certaine ambivalence. (…) Moi j’ai trouvé normal des comportements qui effectivement aujourd’hui je trouve parfaitement anormaux. Cette normalité-là, elle existe en fait. Moi, je peux en parler en tant que victime parce que j’ai été victime de comportements totalement abusifs et totalement inappropriés.
Mais de la part de ceux qui produisent ses comportements inappropriés, il y avait aussi une forme de normalité. Je ne veux pas les excuser. Il faut quand même poser ce contexte de l’époque qui rend tolérable un nombre de trucs qui ne le sont pas du tout.
Moi quand je suis arrivée, je trouvais normal que les hommes soient plus payés que moi, qu’on parle des femmes devant moi de façon complètement misogyne Qu’on me pelote, qu’on me moleste un peu physiquement. Au fond je trouvais ça lourd. Des fois, c’est allé plus loin et je me suis défendue. C’est ça qui est très ambivalent.
Pour l’actrice, qui a tenu à souligner que ce mouvement est « nécessaire », cette libération de la parole doit permettre de faire évoluer les mentalités. Pour autant, dans son cas personnel, la Rouennaise a toujours estimé qu’elle devait elle-même se défendre. Comme elle l’a fait quand Gérard Depardieu a totalement dérapé :
Il est nécessaire que la honte change de camp, que les victimes ne se sentent plus honteuses, mais que ça soit l’agresseur, le harceleur, qui se sente victime. C’est très, très important. Dans ce sens, Judith Godrèche a bien fait de parler.
Sur le tournage de « Potiche » (2010), je me suis fait peloter par Gérard Depardieu. Je lui ai dit : « Oh mais ça ne va pas ! » Et il a arrêté immédiatement. Mais moi dans mon organisation psychique, je n’ai jamais pensé que la société devait me défendre, j’ai toujours pensé que moi, je devais me défendre
Karin Viard s’ajoute donc à la longue liste d’actrices envers lesquelles Gérard Depardieu aurait eu des comportements déplacés. Mais si elle soutient le mouvement de libération de la parole, la grande amie de Franck Dubosc a bien souligné qu’il était aussi important que les femmes se défendent. Et pour cela, les mentalités doivent changer dans leur globalité. Un sacré chantier.