Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Si Josiane Balasko est aussi appréciée des Français, c’est évidemment pour son talent et les nombreux films de qualité qu’elle a tournés, mais aussi pour son franc-parler. Cette honnêteté s’est d’ailleurs de nouveau manifestée il y a quelques semaines, lorsque l’actrice a réagi à des propos très borderline d’Anne Sinclair à son sujet…
C’était à la fin des années 1980. Approchant alors la quarantaine, Josiane Balasko, quelque peu débarrassé de son étiquette « Splendid », enchaînait les films de belle facture. Elle avait alors notamment tourné « Trop belle pour toi », dans lequel elle partageait l’affiche avec Carole Bouquet et Gérard Depardieu. Pour autant, lors de son passage dans la célèbre émission « Sept sur sept », Anne Sinclair ose une question assez incisive envers son invitée. Et même franchement blessante :
N’avez-vous pas envie d’être enfin du côté des belles ? Comme vous avez toujours pris le parti des boulottes, des marginales et des paumées, on s’est demandé si vous étiez vraiment boulotte, marginale et paumée.
35 ans plus tard, Josiane Balasko revient sur l’attaque d’Anne Sinclair
Un peu prise de court par cette remarque, même si elle en a évidemment vu (et entendu) d’autres, l’acolyte de Gérard Jugnot et consorts avait d’abord recadré la journaliste :
Je ne suis pas paumée. Je suis enrobée, je n’aime pas le mot “boulotte”, ça a un côté un peu péjoratif. Non je suis ronde, j’ai des formes et il y a des hommes qui aiment ça.
Bien des années plus tard, à l’automne 2023, Balasko a de nouveau été confrontée à la séquence lors d’une émission des « Enfants de la télé ». Et sa réponse mérite d’être soulignée :
Il n’y avait pas de filtre à l’époque, surtout à la sortie du film « Trop belle pour toi ». Mais ça ne m’a jamais dérangée qu’on me dise que je n’étais pas trop belle. Ce n’était pas grave mais je crois que les gens qui posent cette question, quel que soit le respect que j’ai pour eux, ne savent pas ce que c’est que les gens de la rue.
Ils ne voient que des gens minces qui suivent des régimes et qui s’habillent chez les grands couturiers. Donc évidemment, je ne rentrais pas dans le truc.
Forte de sa personnalité si prononcée et de son cuir épais, Josiane Balasko ne s’est jamais plainte de ne pas être considérée comme une femme particulièrement belle. Pourtant, au 21ème siècle, sous le prisme de l’époque actuelle, force est de constater que certains propos auraient pu être particulièrement blessants. Mais pour elle, pas de quoi se laisser atteindre, et l’empêcher de réaliser la brillante carrière qui est désormais la sienne.
Consciente d’être loin de certains standards de beauté qui faisaient alors fureur dans le cinéma français, Josiane Balasko ne s’est jamais offusquée des remarques qui lui ont été formulées – même les plus mesquines. Si sa solidité mentale est une bonne leçon, on ne peut que se réjouir de vivre désormais dans une époque moins mesquine vis-à-vis des femmes comme elle.