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Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
De nouveau à l’affiche pour « Chasse gardée », nouvelle comédie populaire comme il les affectionne, Didier Bourdon a également pris position sur de nombreux sujets, dont certains sociétaux, ces derniers mois. Il estime ainsi qu’un élément essentiel de la société française est en danger, et ça le préoccupe tout particulièrement…
Valeur sûre de l’humour et figure appréciée des Français, Didier Bourdon n’a plus rien à prouver à personne. C’est peut-être pour cette raison qu’il se spécialise dans le cinéma populaire, parfois sans grandes ambitions. En tout cas, l’ancien leader des Inconnus est toujours aussi franc en interviews, et notamment sur les sujets qui lui tiennent tout particulièrement à coeur.
Didier Bourdon inquiet pour le rire en France
Parmi eux ? Le rire. Sujet banal à première vue, presque philosophique, et dont l’évolution inquiète pourtant profondément le natif d’Alger. Interrogé par TF1 sur un éventuel retour des Inconnus, Bourdon n’avait en effet pas caché que l’époque ne se prêtait plus guère au style parfois corrosif du célèbre trio :
Ce serait compliqué aujourd’hui. Là, on aurait pas mal de soucis. On nous le dirait poliment : “On adore le sketch, mais… Il ne vaut mieux pas… »
Interrogé dans la foulée par Isabelle Ithurburu, qui souhaitait savoir si, aux yeux de l’humoriste, le rire est en danger, il a lâché une réponse qui en dit long :
Il n’y a pas que le rire, visiblement…
S’il s’est épanché sur ces autres sujets sous-entendus dans une autre interview, l’Inconnu a insisté ici sur le rire, très important à ses yeux dans une société fonctionnelle :
L’humour, c’est pour ça que les gens aiment beaucoup, c’est qu’on est un petit peu le fou du roi. C’est la soupape, quoi. Heureusement qu’on peut dire des trucs, parce que sinon c’est la Corée du Nord.
L’inquiétude de Didier Bourdon n’est pas isolée, loin de là. Il y a quelques mois, José Garcia faisait aussi part de sa crainte lors d’un passage chez Europe 1. Avec des mots forts :
Quand une société va bien, il y a beaucoup d’humour. Ce que je trouve très scandaleux maintenant, c’est que tout a été fait pour l’enlever. Le principe de choquer. Vous ne pouvez pas remettre en cause leur manière de pensée. C’est ça qui m’inquiète. Et l’humour, c’est ça. On était capable de sortir des ignominies à des gens qui devaient les consommer. Et en riant, on riait aussi et d’abord de nous-mêmes.
Or, de nos jours, on nous empêche de rire ensemble. Et ça c’est très douteux. On ne manque pas d’humour, mais il est écrasé, interdit. Quand on veut rentrer dans une dictature, la première chose qu’on enlève c’est l’humour. Et il y a une sorte de dictature. Elle a 10.000 façons d’être. Quelqu’un qui commence à rire d’une situation grotesque remet en cause le pouvoir de la personne.
A l’image de nombreuses personnes ayant connu la liberté de ton des années 1980 et 1990, Didier Bourdon n’est pas fan du tout de l’époque actuelle et de son rapport au rire. Un constat qui devrait interpeller, mais qui, hélas, ne présente pas de solutions évidentes pour le résoudre…
