Par Pierre-Andréa Fraile | Journaliste sportif
Expert en matière de performances historiques et d’apparence inégalables, Wilt Chamberlain s’est toujours montré fier de ses records en tout genre. Or, il a parfois eu tendance à en romancer certains, quitte à déformer la vérité à son avantage.
Dans une ligue où les statistiques font pratiquement loi, les records en la matière se veulent forcément admirés et vénérés. Encore plus lorsqu’ils apparaissent hors d’atteinte et tiennent depuis des décennies. Et à ce petit jeu-là, personne n’a jamais fait mieux que Wilt Chamberlain. À une époque où le basket se révélait certes bien différent, le pivot a réalisé de nombreuses prouesses qu’aucun autre joueur n’a su reproduire.
Bien évidemment, son match à 100 points signé le 2 mars 1962 reste la plus mythique de nos jours. Il faut dire que la deuxième meilleure marque all-time au niveau du scoring (81 points), réalisée par Kobe Bryant en 2006, restait bien éloignée de la sienne. Il apparait dès lors assez peu probable que cette dernière soit améliorée un jour, au même titre que d’autres tout aussi inhumaines sur le papier.
Le discours trompeur de Wilt Chamberlain sur l’un de ses records
Expert du scoring, Chamberlain s’est également affirmé comme maître dans l’art du rebond. Détenteur du plus gros total en carrière de l’histoire de la NBA (23.924), il s’est aussi fendu de la performance la plus prolifique dans le domaine le 24 novembre 1960. Auteur ce jour-là de 55 rebonds… face aux Celtics de Bill Russell, il était revenu des années plus tard sur cet exploit dans une interview accordée à la ligue :
Ce dont je me souviens avant tout de cette soirée, c’est qu’une fois que le match s’est terminé, j’étais probablement plus fatigué que je ne l’avais jamais été jusque là dans toute ma vie.
Une lassitude physique qui peut tout à fait se comprendre compte tenu des efforts fournis pour capter autant de ballons. Cependant, les souvenirs du Stilt au sujet de cette rencontre se sont révélés plus nébuleux par la suite :
J’étais aussi sûrement plus heureux que je ne l’avais jamais été. Parce que non seulement ça nous a aidé à remporter un match, mais en plus de ça, c’était face à l’un des meilleurs rebondeurs, et face à l’une des meilleures équipes de l’histoire du basket. Je savais que c’était quelque chose que je devais faire si je voulais vraiment dominer ce match : prendre des rebonds.
Comme Chamberlain l’indique à juste titre, il valait en effet mieux verrouiller le rebond pour espérer s’imposer face aux Celtics à cette époque. Toutefois, cela ne garantissait pas toujours la victoire. La preuve… avec cette fameuse rencontre du 24 novembre 1960, que les Warriors ont en réalité perdu (129-132). Ce, sans doute en partie à cause de la fâcheuse maladresse au tir de Wilt (15/42, 35.7%).
Si ses 100 points inscrits en 1962 ont bel et bien permis à son équipe des Warriors de s’imposer, Wilt Chamberlain ne pouvait pas en dire autant pour son match historique à 55 rebonds. C’est pourtant ce qu’il a fait, sans doute abandonné par sa mémoire.