Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Personnalité atypique du cinéma français, et acteur très apprécié du grand public pour son rôle inoubliable dans « La vérité si je mens », Gilbert Melki continue de traverser les années avec son style et son franc-parler caractéristiques. Au détour d’une interview accordée à Monaco-Hebdo, il a ainsi fait part de ses regrets sur plusieurs points en France.
Pas forcément parmi les acteurs les plus présents sur la scène médiatique, Gilbert Melki s’est tout de même bâti une sacrée carrière à force de travail et de persévérance. Son accession à la gloire, il l’a obtenue à la fin des années 1990 en incarnant l’homme d’affaires mégalomane Patrick Abitbol dans « La vérité si je mens ». Son cigare, ses répliques et son indécente fortune ont marqué toute une génération.
Depuis, Melki a pris part de nombreux projets intéressants, dont, par exemple, le méconnu « Vendeur », dans lequel il crève l’écran. Mais malgré ses nombreuses réussites, et un CV dont il peut être particulièrement fier, l’acolyte de José Garcia et compagnie n’est pas satisfaisait du paysage cinématographique français. Et même, plus largement, de l’approche de la société.
Gilbert Melki pointe certains problèmes en France
Dans un entretien très intéressant mené par Monaco-Hebdo, il estime que les longs-métrages de l’Hexagone sont trop conventionnels :
Je pense qu’on a besoin de mettre beaucoup d’humour dans nos films, comme les Américains, ou les Italiens. Il y a de l’humour dans les sujets même très sociaux. Dans les films des frères Coen, il y a de l’humour. L’humour n’est pas un vilain mot, et je ne parle pas des grosses comédies françaises « pouet, pouet » qui cartonnent.
Je pense qu’il faut savoir prendre de la distance avec le sujet et trouver des sujets qui puissent être orignaux en parlant de nous, de notre société, et de la France. Ce que font très bien des productions israéliennes, américaines, ou danoises. En France, on a du mal à parler de nous et de notre histoire, sans se plomber.
De manière plus générale, Gilbert Melki estime tout simplement que les Français sont finalement loin de mettre en pratique la notion de liberté qui leur colle pourtant à la peau à travers le monde. Un constat particulièrement pertinent, qu’il étaye ainsi :
On est assez réactionnaire dans ce pays. On n’arrive pas à trouver cette liberté d’expression que l’on vante tant. On ne doit pas demander à un peintre ou à un écrivain de se censurer, mais c’est ce qu’on fait en France : on s’autocensure. On pense avoir cette liberté, mais je pense qu’on ne l’a pas du tout. On est un pays qui tourne en boucle, même en politique.
Un manque de liberté, d’imagination et d’audace : voilà comment résumer le constat dressé par Gilbert Melki sur le cinéma français, et plus largement sur la société dans son ensemble. Comment y remédier ? Le débat est vaste, mais l’acteur a le mérite de mettre le sujet sur la table avec beaucoup d’honnêteté.