Surhumain mardi lors du contre-la-montre de la 16ème étape du Tour de France, Jonas Vingegaard a éveillé de nombreuses suspicions par sa performance. Alors dopage ou non ? C’est évidemment la question sur toutes les lèvres, et la question à laquelle Michael Rasmussen, grand dopé devant l’éternel, a répondu ce matin.
Ce n’était plus un vélo, c’était un TGV. Incroyable d’aisance et d’allure, Jonas Vingegaard a remporté la 16ème étape du Tour de France avec 1mn38 d’avance sur Tadej Pogacar, pourtant lui-même grand spécialiste du contre-la-montre. Rapidement, plusieurs observateurs ont reconnu un sentiment de gêne devant cette démonstration, qui paraît trop écrasante pour être naturelle.
Michael Rasmussen donne son avis sur la perf de Vingegaard
Et s’il faut mettre la question du dopage sur la table, qui de mieux pour en parler que Michael Rasmussen ? Véritable chaudière ambulante au sein du peloton, le maillot jaune déchu du Tour 2007 s’est retrouvé embourbé dans d’innombrables affaires de seringues et cachetons en tous genres, avant de se repentir et d’avouer en 2013.
Dès la fin de la course, l’ancien grimpeur de la Rabobank a tweeté sur l’implacable chrono de son compatriote :
I cannot recall any ITT where the winner is putting 4,5 sec/km into the 2nd best. Not Indurain, nor Armstrong. Anybody?
— Michael Rasmussen (@MRasmussen1974) July 18, 2023
Je ne me souviens pas d’un contre-la-montre individuel où le vainqueur a pris 4,5 secondes par kilomètre au 2ème. Même pas Indurain, même pas Armstrong. Quelqu’un d’autre ?
Beaucoup d’internautes ont déduit à la tonalité de ce tweet que Rasmussen suspectait Vingegaard de se doper. Mais face à Ouest-France, le Danois a ensuite tenu des propos nettement plus nuancés, et allant dans le sens de la probité :
Je suis comme tout le monde, je reste sans voix. Jonas n’est pas seulement bon et rapide sur son aérodynamisme sur le plat. Il va vite tout le temps ! C’était une performance incroyable. Peut-être la meilleure performance de tous les temps !
Le dopage ? C’est une question assez normale, je peux la comprendre. L’héritage du vélo fait qu’on a des doutes. Ce passé sale repose sur les coureurs d’aujourd’hui, donc c’est dur de s’en défaire pour eux, de ces questions.
Mais vous savez, si on avait enlevé Jonas de la course, on aurait eu Pogacar qui aurait gagné avec plus d’une minute sur Van Aert, et tout le monde aurait douté aussi de Pogacar, poursuit Michael Rasmussen. Simplement aussi longtemps qu’on n’aura pas de preuves, ce n’est pas juste de penser ça. (…) Il n’y a aucune preuve, aujourd’hui, qui démontre qu’ils trichent.
Dans le passé, il y avait du dopage, mais pas toujours des preuves aussi, donc c’est très compliqué, Mais est-ce qu’on peut les suspecter seulement parce qu’ils roulent vite ? Je ne sais pas. Moi, personnellement, je ne sais pas ce qu’ils font, mais je pense qu’ils sont dans les règles.
Subjugué par le tour de force de Jonas Vingegaard, Michael Rasmussen veut croire que le Danois est propre et qu’il carbure à l’eau fraîche et à l’envie. Le pense-t-il vraiment au fond de lui, ou s’agit-il d’une façade devant la presse ? Chacun se fera sa propre opinion sur la question…