Auteur d’une carrière longue de 17 saisons en NBA, Tony Parker continue de porter un regard très attentif sur ce qu’il se passe outre-Atlantique. Dans une interview menée avec le quotidien l’Équipe, l’ancien international français s’est ainsi attaqué à la draft, avec un focus notamment sur les joueurs français. Difficile d’être plus clair.
S’il y a bien un joueur qui est la preuve qu’être drafté haut ou bas ne signifie pas forcément pas grand-chose, c’est Tony Parker. Rappelons-le, l’ancien meneur des Spurs n’avait été sélectionné qu’en 28e position en 2001, bien qu’à l’époque il était moins commun de repêcher des athlètes européens qu’aujourd’hui. Ce qui ne l’a pas empêché de devenir une légende à San Antonio, amassant quatre bagues, un MVP des Finales et terminant avec son maillot retiré dans le Texas.
À l’inverse, de jeunes pépites comme Frank Ntilikina ou Killian Hayes ont été choisies dans le Top 10 ces dernières années, mais ont du mal à percer et certains les considèrent d’ores et déjà comme des busts. Mais d’après l’ancienne gloire des Bleus, ce n’est pas forcément la faute des joueurs, mais du système de la draft dans son ensemble. Dans une entrevue accordé au quotidien l’Équipe, le président de l’ASVEL a ainsi regretté que tout soit fait pour que les basketteurs débarquent aussi tôt que possible en NBA, au lieu de se développer traqnuiellement :
Tony Parker : « La draft ne veut plus rien dire »
L’Équipe : Les Français vivent une situation paradoxale. Ils ne sont que six à avoir un contrat garanti cette saison, et pourtant les jeunes sont choisis toujours plus haut à la draft. Comment l’expliquez-vous ?
Tony Parker : La draft ne veut plus rien dire aujourd’hui. On sélectionne les jeunes sur leur potentiel, mais le potentiel peut être réalisé ou non derrière. Avant tu faisais deux ou trois ans à l’université aux États-Unis, ou tu jouais au meilleur niveau en France avant de te présenter à la draft.
On le sait, le passage du Vieux Continent à la grande ligue peut être compliqué, car le jeu pratiqué outre-Atlantique est très différent de celui que l’on voit sur les parquets européens. La perspective financière offerte par la NBA se révèle souvent trop alléchante, surtout quand le talent affiché génère une grosse hype. TP en est conscient, mais à l’instar de l’un de ses anciens coéquipiers en EDF, il souhaiterait que les joueurs issus de l’Hexagone se concentrent davantage sur leur progression au préalable :
L’Équipe : Pensez-vous, comme l’a dit Nicolas Batum dans nos colonnes, que nos jeunes Français partent trop tôt ?
Tony Parker : Oui, et c’est bien dommage car tu ne peux pas les forcer à rester en France ou en Europe. Je comprends, il y a beaucoup d’argent à gagner aux États-Unis. Mais les Américains sont très sévères sur le recrutement. (Je conseille aux jeunes) de résister aux sirènes de l’argent, de savoir être lucide et partir au bon moment, après avoir emmagasiné de l’expérience.
À présent, reste à savoir ce que cela signifie vis-à-vis de Victor Wembanyama, qui devrait débarquer en NBA en juin prochain via la draft. Ancien pensionnaire de Lyon-Villeurbanne, qu’il a quitté cet été pour le Metropolitans 92, le pivot est même annoncé comme le first pick et son potentiel fait saliver, malgré le fait que sa charpente soit encore un peu trop frêle pour se mesurer aux raquettes US. D’un autre côté, son talent est effectivement immense… Difficile de déterminer quelle est vraiment la meilleure solution.
Tony Parker n’y va pas par quatre chemins, il n’est absolument pas fan de la draft dans le contexte actuel, en particulier en ce qui concerne les joueurs français. D’après lui, ces derniers gagneraient davantage à rester un peu plus longtemps en Europe pour se développer, plutôt que de faire tout de suite le saut outre-Atlantique.