Hier soir, avant même le début du match, on pouvait sentir comme une odeur de Playoffs approchant à grands pas tout près de l’AT&T Center de San Antonio. On ne s’était pas trompé : ce match fut légendaire. Et si James a simplement toqué à la porte de Tony Parker et Tim Duncan, Kyrie Irving l’a tout simplement enfoncé sans regarder. Et ça a marché.
L’avant-match
LeBron James faisait enfin son retour dans la fameuse salle où, le 15 juin 2014, il disputait son dernier match sous le maillot du Heat de Miami, le tout face à des Spurs à un niveau de jeu inégalable et inégalé. La revanche était alors dans tout les esprits, surtout lorsque l’on sait que le « King » a déjà perdu une finale NBA face à ces mêmes Spurs en 2007, cette fois-ci avec les couleurs de Cleveland (ndlr : 4-0 dans la série). Plus le droit à l’erreur pour l’enfant de l’Ohio, qui avait également échoué dans les dernières secondes du match aller (le 20 novembre 2014), laissant Manu Ginobili offrir la victoire aux Texans.
C’est un LeBron James remonté et toujours sans bandeau qui allait devoir faire face à la puissance collective de tout l’effectif de San Antonio, et notamment à l’extra-terrestre aux mains de géant, le fameux Kawhi Leonard (MVP des finales 2014). Fort heureusement, le roi n’aura pas fait cavalier seul. Au contraire, il aura dû seconder son jeune protégé, Kyrie Irving : celui que l’on surnomme « Uncle Drew » aura tout écrasé sur son passage, faisant passer la concurrence mais également les performances de ses coéquipiers au second plan. Son bilan de rencontre est sans appel : 57 POINTS, 20-32 aux tirs, 7-7 à 3 pts, 10-10 aux lancers. On vous rafraichit la mémoire, le gosse n’a que 22 printemps… Mais trêve de présentation, voici un résumé de cette opposition magique qui pourrait bel et bien être une des meilleures depuis quelques années en saison régulière. Même Shaq et Barkley sont d’accord avec nous sur ce point.
Le match
Dès le début de la rencontre, le ton est donné : tout va très vite des deux côtés, la précision est au rendez-vous et les filets n’ont de cesse de trembler. Tout de suite, Tony Parker se montre présent, et l’on sent alors qu’il sera l’un des facteurs clés afin que les Spurs tentent d’arracher la victoire (en vain, mais jusqu’au bout du suspense). Il est bien aidé par le tireur d’élite du nom de Danny Green, mais les Cavs ne se laisseront jamais déborder au tableau d’affichage, bien que la défense soit aux abonnés absents. A la fin du premier quart, San Antonio mène de peu : 31-30.
C’est alors que commencent les duels à l’intérieur du match, dont deux en particulier : Irving-Parker et James-Leonard. Ainsi, jusqu’à la fin du match, ces quatre héros de la soirée vont se rendre coup pour coup dans un spectacle haletant de 53 minutes, si longues mais à la fois si courtes. Un chose est sûre, le tout n’en sera que plus passionnant. Cleveland semble rapidement tomber dans le piège collectif tendu par le génial Gregg Popovich, et seront mis en doute par de simples Pick & Rolls qui marchent si bien depuis 15 ans dans le Texas de Timmy et Tony. Pour autant rien ne semble arrêter le minot, a.k.a. Kyrie Irving, qui atteint très rapidement la barre des 20 points et maintient les Cavs à flot, et ce malgré la forme de notre meneur français, alias TP9. La marque est bien répartie du côté des Spurs, gardant par la même occasion l’avantage à la mi-temps : 64-62.
De retour sur le parquet toujours aussi bouillant de l’AT&T Center de San Antonio, et ce malgré la climatisation qui fonctionnait plutôt bien (pour une fois), les Texans comptaient bien asseoir un peu plus leur léger avantage de deux points afin de mieux confirmer leur domination sur la rencontre. Impossible pour eux de se faire terrasser par un ou deux hommes contre leur unité d’élite… du moins, c’est ce qu’ils auraient pu penser ou vouloir. 2, puis 4, puis 6 petits points d’avance pour les Spurs qui commencent à faire craquer le coach (LeBron James, c’est lui qui porte la culotte à Cleveland) mais réveillent en Kyrie Irving le Super Saiyan enfoui au plus profond de lui. Mauvaise idée. Le jeune meneur démarre son festival et prend littéralement feu à trois points. Malheureusement pour lui, il est un peu le seul à jouer à un tel niveau, et les Spurs ne démordant pas, ils restent devant avant d’entamer le tout dernier acte… ou plutôt l’avant-dernier (oui, ce jeune homme de 22 ans va encore une fois en décider autrement : 84-79 pour les locaux. Popovich fait alors entrer la « second unit ».
Le 4e quart-temps sera tout aussi excellent pour celui que l’on surnomme également « Mister 4th Quarter ». Ses mains toujours aussi chaudes sont accompagnées de celle du « King » qui prend un peu plus ses responsabilités (de par son grand pouvoir). Voilà qui inquiète Gregg Popovich, qui remettra aussitôt les titulaires en jeu. Bon choix tactique : les Spurs retrouvent un Duncan facilitateur au poste haut pour ses coéquipiers qui ne ratent pas la mire. A trois minutes de la fin, Danny Green croit sceller le sort de la rencontre avec un tir primé : 105-95 pour San Antonio. Côté Cavs, tout le monde y croit encore, mais surtout… KYRIE. Il continue à enchainer les paniers tels des perles sur un collier. Mais alors que Parker redonne 6 longueurs d’avance à son équipe à 35 secondes de la fin, Kyrie plante un tir primé très précieux dans le corner.
Les Spurs mènent toujours 110-107. Ils utiliseront l’horloge au maximum, Tony Parker ratant ainsi un tir à 8 secondes de la fin du match. S’élevant plus haut que tout le monde dans la raquette, Kawhi Leonard arrache le rebond offensif. Les fans texans célèbrent déjà dans les gradins, levant les bras au ciel et se congratulant les uns les autres. Logiquement, Cleveland fait faute sur l’ailier et l’envoie sur la ligne des lancers. Un panier rentré, un petit point suffirait ainsi à plier le match définitivement. Il manquera ses deux lancers ultra décisifs. Balle pour Cleveland. Ce qui suit se passe de commentaires…
Il y aura eu Derek Fisher, Tracy McGrady, Ray Allen ou encore Vince Carter. Désormais, le bourreau des Spurs se nomme Kyrie Irving. Le match prend alors une toute autre dimension, et chaque spectateur comprend qu’il est témoin d’un moment historique. L’intensité émanant de ce match est équivalente à une rencontre de Playoffs, voire de finales NBA. On aura rarement vu des joueurs autant donner sur un parquet pour un simple match de saison régulière. A la fin du temps réglementaire, Kyrie Irving a déjà marqué 46 points. Son deuxième meilleur totale en carrière. Mais le match, heureusement pour tous les fans de basket, ne s’arrête pas là. On prolonge le plaisir pour 5 minute de plus.
Cette fois-ci, les Cavs ne craqueront pas, et la prolongation marque le retour en force du quadruple MVP de Cleveland. Lui et Kyrie assureront le show tout en continuant à faire grimper le score. LeBron inscrira un panier décisif derrière l’arc et Kyrie Irving ajoutera 11 points pour battre son précédent record en carrière. 57 points à 22 ans, c’est assez rare pour être remarqué. Il bat d’ailleurs le record de points des Cavs, auparavant détenu par un certain… LeBron James (56 points). Tony Parker n’est pas en reste avec 31 points, 6 passes et 5 rebonds. Leonard et Green ajouteront chacun 24 points et Tim Duncan s’approchera du triple-double (18 points, 11 rebonds et 8 passes).
L’après-match
L’interview de Kyrie Irving (traduite par mes soins, depuis NBA.com) :
Tout le mérite revient à mes coéquipiers. Ils ont produit un super boulot, m’ont facilité le jeu avec des écrans me laissant alors des tirs ouverts. Notre exécution offensive était impressionnante et nous avons réussi à faire des stops défensifs quand nous en avions le plus besoin. Même si nous étions tous fatigués au moment de débuter la prolongation, nous n’avions pas le droit aux excuses. Tout le monde se prépare mentalement à aborder les Playoffs. C’était un grand test pour nous face à cette grande équipe, et je suis vraiment heureux que l’on reparte avec la victoire. Nous avons tenté de trouver des tirs ouverts au maximum, nous nous sommes battus quoi qu’il arrive. Nous avons poussé jusqu’au bout, ces mecs là sont comme des frères pour moi. On regardera la vidéo du match demain matin, pendant que nous préparerons pour Orlando. Nous devons aller chercher une autre victoire. Nous devons garder à l’esprit une régularité. C’est le plus important avec la confiance que chacun accorde à l’autre.
Les highlights du héros du match :
https://www.youtube.com/watch?v=mXxt8hJbelo