Avant même que Wilt Chamberlain n’inscrive ses mythiques 100 points en NBA, un sombre inconnu du circuit lycéen plantait la bagatelle… de 135 points en un match. Pourtant, sa personnalité, tout comme son statut, ne laissaient en rien présager d’une telle explosion. Découverte de ce recordman presque gêné par son exploit.
Le 26 janvier restera éternellement comme la date anniversaire du décès de Kobe Bryant. Mais 60 ans avant cette disparition, le bien nommé Danny Heater réalisait une performance au scoring qui rendrait admiratif le Mamba. Désormais âgé de 78 ans, l’auteur du match record à 135 points sur le circuit lycéen s’est récemment confié sur Metro News West Virginia.
Je n’en ai jamais vraiment pensé quoi que ce soit avant qu’une de mes petites filles ne m’envoie un texto en me souhaitant un « Joyeux Danny Heater Day ». Ma mémoire n’est de toute façon pas si bonne, donc je n’y pense pas tellement.
Ne croyez pas pour autant que l’ancien joueur de la Burnsville High School emprunte une image de faux modeste. En réalité, Heater a longtemps appréhendé son match historique… avec honte.
En vieillissant, j’ai fini par l’accepter. Je n’ai jamais voulu embarrasser qui que ce soit, et j’ai bien peur de l’avoir fait ce soir-là. Mais ça fait 61 ans maintenant, donc je pense que j’ai le droit de le savourer un petit peu.
Inconnu des scouts de l’échelon supérieur, il est bien malgré lui devenu l’objet d’une tactique de son coach, qui souhaitait mettre en lumière son équipe et ses protégés face à un adversaire beaucoup plus faible, et face auquel la victoire était facile à obtenir.
À la mi-temps, j’ai dit au coach de me sortir. Je crois que le record de l’état était à peu près de 70 points (74, ndlr). Tous mes coéquipiers hurlaient : « Laissons-le sur le terrain, qu’il batte le record de l’état ! » Une fois que les 70 étaient atteints, j’ai continué et je n’ai plus arrêté. Le public dans les tribunes criait le nombre de points que j’avais. C’était irréel.
J’ai joué tout le match, mais on a fait jouer la deuxième et la troisième équipe après le 1er quart-temps. C’était une sacrée soirée.
Il faut néanmoins se souvenir que la ligne à 3 points n’existait pas à cette époque. Pour atteindre la marque de 135 points, Heater a donc dû inscrire 53 de ses 70 tirs, ainsi que 29 de ses 41 lancers francs ! Il a aussi gobé 32 rebonds et a même distillé 7 assists. Des stats ébouriffantes, mais qu’il peine encore à évoquer avec fierté personnelle.
Mes coéquipiers méritent tout le crédit. Ce sont eux qui m’ont passé le ballon à chaque fois qu’ils prenaient un rebond. Quand je ratais un tir, ils s’assuraient que je puisse en retenter un.
Facile vainqueur de la même Widen High School quelques jours plus tôt, son équipe a effectivement tout fait pour le laisser briller, lui permettant de planter 55 points sur les 10 dernières minutes. La stratégie était claire.
On a pressé tout le match, et j’ai mis beaucoup de points sur des layups, après des interceptions. Mais c’était vraiment comme un rêve dans le dernier quart-temps, quand tout le monde criait après moi. C’était comme une expérience extra-corporelle.
Ironie du sort, la mère de Heater, qui ne ratait ses sorties sur les parquets sous aucun prétexte, n’était pas présente ce jour-là.
De tous les matchs qu’elle aurait pu manquer, elle a choisi celui-là. On avait joué contre cette équipe deux semaines plus tôt, et je n’avais joué qu’un quart-temps. Donc elle pensait que je n’allais pas beaucoup jouer. Quand je suis rentré à la maison, elle ne tenait pas en place.
À l’heure où un match à 135 points sur le circuit high school embraserait les réseaux sociaux, Danny Heater, lui, rejette presque la célébrité qui accompagne son record vieux de 61 ans. Un personnage unique, à l’image de sa performance stellaire.