Enregistrer un triple-double n’a rien d’exceptionnel pour les stars NBA, mais peut constituer un véritable exploit dans la carrière des role players. En 2010, Andray Blatche a donc tout fait pour signer une telle performance, pour au final devenir la risée de la ligue.
Encore frais dans la mémoire de certains, le nom d’Andray Blatche n’est pas forcément associé au succès. Il suffit de le taper dans la barre de recherche de l’encyclopédie Basketball Reference, pour s’apercevoir que l’intérieur ne compte aucune distinction individuelle à son palmarès. Après tout, il reste simplement comme le 49ème pick de la Draft 2005.
Jusqu’ici joueur de devoir en sortie de banc dans sa carrière, il affiche cependant une nette progression lors de l’année 2010. Il signera même son meilleur exercice en 2010-11, avec 63 titularisations et des moyennes record de 16.8 points, 8.2 rebonds, 2.3 passes et 1.5 interception. Mais son principal fait d’arme a bien failli intervenir le 4 avril 2010.
Ce soir-là, ses Wizards accueillent les New Jersey Nets dans un match sans enjeu entre bons derniers de la conférence Est. Les joueurs de la capitale se dirigent vers une victoire facile à 32 secondes de la fin, avec 10 points d’avance sur leurs adversaires. Pourtant, Blatche joue ces derniers instants comme si sa vie en dépendait…
Avec 20 points, 13 passes et 9 rebonds au compteur, il a en effet l’occasion de signer le premier triple-double de sa carrière. Un événement insignifiant pour certains, mais sûrement pas pour lui. Pendant plus de 30 secondes, il va donc tout faire pour aller chercher ce dernier rebond manquant, quitte à s’embrouiller avec ses propres coéquipiers.
Remise en jeu pour les Nets : Blatche laisse son adversaire direct Yi Jianlian ouvert à 3 points, et tente de récupérer le raté. Malheureusement, le ballon lui échappe un peu, mais tandis qu’il pense arracher le cuir dans les mains de Brook Lopez, il se voit sanctionné d’une faute. Une première occasion manquée qui le rend déjà furax.
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Deuxième remise en jeu pour New Jersey, dont l’un des joueurs envoie rapidement… un airball. Celui-ci atterrit sur l’ailier de D.C. Cartier Martin, qui récupère innocemment le ballon et se fait pourrir par son Blatche. Mais tout n’est pas perdu : Javale McGee obtient deux lancers, et son coéquipier va même jusqu’à demander à Jianlian de lui laisser prendre le rebond sur la deuxième tentative. Pas de chance, le pivot signe un 2/2.
Vous pensez que c’en est fini ? Pas du tout. Avec 4.2 secondes à jouer, Blatche sprinte ballon en main pour remonter le terrain, et tente un shoot désespéré pour récupérer son propre rebond. Raté. Le buzzer résonne, et le big man quitte le Verizon Center à une unité près de son seul et unique triple-double en carrière.
Interrogé dans les vestiaires, il lâchera finalement sous le ton de la rigolade :
J’ai cru que j’allais y arriver. Mon coéquipier m’a volé. Mon propre coéquipier m’a volé !
10 ans plus tard, on ne sait toujours pas si on doit en rire avec lui, ou si son attitude est plutôt à pleurer.
À l’heure où Russell Westbrook a fait du triple-double une habitude quasi-quotidienne, d’autres joueurs NBA ont tout fait pour présenter une seule ligne statistique de la sorte dans leur carrière… en vain. Dans un cas comme celui d’Andray Blatche, ils ont même fini par se couvrir de ridicule.