Si la dernière danse des Bulls s’est bien conclue avec un 6ème titre de champion en 1998, l’histoire aurait pu être bien différente. À quelques minutes d’un Game 7 de finales de conférence Est capital, la tension était à son paroxysme dans le vestiaire de Chicago, comme le raconte Steve Kerr. Flashback.
Des challenges, les Bulls ont en ont eu des centaines à relever pour aller chercher leurs six bagues de champion en l’espace de huit ans, dans les années 1990. Dès leur première campagne de playoffs fructueuse, d’ailleurs, l’obstacle que constituaient les Pistons se serait révélé trop coriace pour bon nombre d’effectifs de la ligue.
Celui de Chicago, emmené par un Michael Jordan plus déterminé que jamais à rejoindre ses illustres aînés dans les annales de la NBA, ne s’est cependant jamais laissé intimider. Mais tandis qu’il atteignait certainement son prime pour ses dernières phases finales, en 1998, le groupe de Phil Jackson a été plus que jamais poussé dans ses retranchements.
Opposés à de fougueux Pacers emmenés par Reggie Miller, Al Harrington et Mark Jackson, les Bulls vieillissants sont contraints de disputer un match 7 au United Center lors des finales de conférence. Une échéance qui, malgré toute l’expérience du roster, revêtait un caractère on ne peut plus particulier, comme se remémore Steve Kerr pour ESPN :
C’était le match le plus effrayant qui nous ait été donné de jouer.
Après une saison régulière éreintante physiquement et mentalement, lui et ses coéquipiers se savent sur le fil du rasoir. Le contexte qui entoure la rencontre, qui pouvait alors marquer la triste fin de la dynastie de la franchise, n’arrangeait en rien l’anxiété qui régnait dans le vestiaire.
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Une situation que Phil Jackson perçoit lui aussi. Mais le mythique coach ne porte pas son surnom de Zen Master pour rien. Kerr raconte ainsi que le technicien, à quelques minutes du coup d’envoi, a tenté de dédramatiser un éventuel revers. Une attitude qui n’a pas du tout plu à Jordan.
Phil a dit que l’important était de ne pas avoir peur de la défaite. Qu’il fallait accepter l’idée que l’on pouvait perdre. D’affronter cette réalité. Mais avant qu’il ne commence son discours, Michael a tout simplement dit : « F*ck that, Phil. On ne va pas perdre. » On a rassemblé nos mains au milieu, crié « 1, 2, 3, Bulls ! », et on est rentrés chez nous avec la victoire.
Tentant de se montrer philosophe, Jackson n’a pas su contenir la compétitivité exacerbée d’un MJ toujours aussi affamé, même en fin de cycle. Car même s’il a connu une soirée plutôt difficile en termes d’adresse (9/25 au tir), son leader est parvenu à porter l’équipe vers un succès acquis aux forceps (88-83). Un résultat que Mark Jackson, sûr de la force de ses Pacers, n’osait alors même pas envisager :
On était fiers, et presque satisfaits. Presque comme ce qu’a dû ressentir Joe Frazier au moment où ils ont annoncé Mohammed Ali vainqueur. Jusqu’à ce que le buzzer ne résonne, on ne pensait pas une seule seconde qu’on allait perdre.
Refusant de s’avouer vaincus malgré une situation périlleuse, Michael Jordan et ses Bulls ont refusé d’envisager la défaite, comme le leur conseillait Phil Jackson. Les prémisses d’une « Last Dance » légendaire par son dénouement heureux.