Au printemps 2006, après une saison régulière qui le voyait exploser et être élu MIP, Boris Diaw confirmait en signant des playoffs de haut standing. Retour sur une belle et lointaine épopée.
Depuis plusieurs années maintenant, les performances françaises en NBA sont légion. Les multiples titres et exploits de Tony Parker, les récompenses individuelles de Rudy Gobert, les tours de force de Joakim Noah, les buzzers-beaters d’Evan Fournier, et peut-être bientôt les posters dunks de Sekou Doumbouya. Chaque saison, la France est l’un des contingents étrangers les plus représentés dans la grande ligue, et ce n’est pas pour nous déplaire. Parmi ces performances tricolores, nous voulions revenir sur l’une d’entre elles en particulier : les playoffs 2006 de Boris Diaw.
L’époque est tout autre. Babac vient d’avoir 24 ans et sort d’une superbe saison régulière avec Phoenix pour sa première campagne dans l’Arizona, après deux premières années plus timides à Atlanta. Après 82 matchs, les Suns terminent deuxième à l’Ouest (moins bon bilan que Dallas mais champions de division) derrière leur grand rival de San Antonio. Ils héritent donc au premier tour de l’équipe classée septième : les Los Angeles Lakers. Un match-up largement en leur faveur. Même si Kobe Bryant marche sur l’eau et sort de sa meilleure saison individuelle en carrière, le collectif Angelinos semble bien trop faible pour résister à l’armada de Mike D’Antoni. Le match 1 confirme cette tendance : 5 joueurs à plus de 15 points et la victoire initiale. Oui mais voilà, alors que personne n’imaginait un upset dans cette série, les choses tournent au vinaigre pour Phoenix. Les matchs 2-3-4 sont remportés par les Lakers qui mènent 3-1. Et ce malgré un Boris plus que solide sur ces 3 matchs perdus lors desquels il tourne à 16 points, 5.7 rebonds et 4.3 passes. Le plus fou dans tout ça ? Il évolue au poste de pivot, pour combler les absences d’Amar’e Stoudemire et Kurt Thomas, blessés et out pour tous les playoffs. Pour Babac, qui est arrivé en NBA dans un rôle de combo guard, le changement est radical.
Le Game 5 est prévu pour le 2 mai 2006. Un jour qui sera particulièrement à part pour Diaw. Tout d’abord, parce que la veille de ce match il reçoit une distinction individuelle, et pas n’importe laquelle. Il est élu Most Improved Player, pour récompenser son énorme progression. Et alors que son équipe fait déjà face à l’élimination, il va sortir ce qui reste à ce jour l’un de ses plus grands matchs en carrière. Dos au mur, les Suns viennent de s’incliner pour la troisième fois de suite dans le match 4 sur un mythique buzzer-beater du Black Mamba en prolongation. Pourtant largement favoris de la série, les coéquipiers du MVP Steve Nash sont très mal embarqués et se retrouvent contraints de remporter à leur tour trois matchs de suite pour ne pas se retrouver en vacances dès le premier tour. À commencer par ce match 5. Dans ce “win or go home”, Boris s’occupe de tout. 25 points, 10 rebonds, 9 passes, 11/11 aux lancers-francs, 8 points dans le dernier quart-temps et un plus/minus de +36. Il termine meilleur scoreur, rebondeur et passeur de son équipe qui s’impose 114 à 97. Phoenix reste en course. Merci qui ?
19 points et 7 passes dans un match 6 insoutenable, puis 21 points et 9 caviars dans le game 7 décisif. Les Suns évitent le pire et le Frenchy est l’un des principaux responsables de cette réaction. Un scénario qui hante encore les fans des Lakers, qui devenaient alors la 8e équipe de l’histoire à se faire remonter un 3-1, dix ans avant les Warriors en Finales.
Stats sur la série : 18.3 points, 6 passes, 5.9 rebonds, 41.2 minutes – 54% aux tirs, 87% aux lancers
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Pour la suite de leur parcours, les Suns restent à Los Angeles. Cette fois-ci, ce sont les Clippers qui se dressent sur leur route. Mené par Elton Brand, ce client sérieux s’est débarrassé de Denver en 5 matchs au tour précédent. En l’absence d’Amar’e Stoudemire, répondre au défi intérieur imposé par Elton Brand et Chris Kaman ne semble pas simple. Dans un premier match “tout pour l’attaque”, Phoenix résiste aux 88 points du trio Brand-Cassell-Maggette. Boris fait le taf avec 19 points.
Puis vient le match 5, l’un des plus gros matchs de ces playoffs 2006. Deux prolongations et un suspense fou au terme duquel Phoenix s’impose. Discret dans cette partie, Diaw n’inscrit que 8 points (son plus petit total de tous les playoffs), mais il est celui qui fait la remise en jeu décisif sur Raja Bell qui, d’un tir à 3 points, arrache une deuxième prolongation. Un panier qui évite aux Suns d’être menés 3-2 avant de se déplacer au Staples Center. Boris va alors enfiler le costume qui lui va le mieux, celui de l’homme à tout faire. Sur les matchs 6 et 7, il tourne à 14 points, 8.5 rebonds, 6 passes et 2 interceptions de moyenne. Dans un match 7 maîtrisé, les Suns s’imposent finalement au bout du suspense. Direction les finales de conférence pour la deuxième année consécutive.
Stats sur la série : 14.4 points, 6.1 passes, 5.9 rebonds, 1.3 interception, 1.1 contre, 38.8 minutes – 52% aux tirs, 100% à 3 points (2/2), 59% aux lancers
Après deux séries en 7 matchs, Phoenix arrive avec les jambes lourdes pour affronter les Dallas Mavericks, qui ont eux joué 3 matchs de moins (4-0 contre Memphis, puis 4-3 contre leur rival San Antonio). Sans l’avantage du terrain, la tâche ne s’annonce pas facile. Mais le match 1 va tourner en leur faveur au terme d’une rencontre des plus disputées. Toujours à un poste de pivot, Babac rayonne. Il inscrit 34 points dont 10 dans le dernier quart-temps et… le tir de la gagne. A quelques secondes de la fin, les Mavs sont devant 118-117. Au poste, malgré l’aide de Nowitzki en défense, Diaw parvient à se retourner et feinte Jerry Stackouse avec un superbe pump fake avant de planter le game winner. Il reste 5 dixièmes sur l’horloge, Dallas ne reviendra pas. Alors qu’on attendait le grand Dirk, c’est un autre européen, seulement dans sa troisième saison, qui domine le match et fait parler son clutch. Magistral.
Le match 2 est tout aussi serré, mais cette fois c’est Dallas qui fera la différence dans le money time pour égaliser à 1-1 dans la série. Mais encore une fois, le Français est le meilleur Sun sur le terrain. Il termine meilleur scoreur de son équipe avec 25 points et ajoute 10 rebonds et 6 passes. Lors des deux matchs suivants, il inscrit à chaque fois 20 points et les deux équipes restent à égalité 2-2. Dallas prend même une sacrée fessée dans le Game 4 (106-86) et Diaw termine avec le meilleur plus/minus du match. Malheureusement pour Phoenix, les Mavericks prendront le dessus lors des matchs 5 (portés par les 50 points de Nowizki) et 6 afin d’aller disputer les premières Finales NBA de leur histoire, perdues 4 à 2 face au Miami de Wade et Shaq. Mais la révélation des Suns terminera en beauté. Une fois de plus, il évolue à un sacré niveau et termine meilleur marqueur du dernier match de la série avec 30 points à 11/16.
Stats sur la série : 24.2 points, 8.5 rebonds, 3.2 passes, 1.7 contre, 39.4 minutes – 52% aux tirs, 25% à 3 points, 76% aux lancers
D’une incroyable efficacité, Boris Diaw fut le 10e joueur le plus valuable en attaque sur ces playoffs 2006, selon les stats de win shares. Évoluant à un poste qui n’était pas le sien de base dans une raquette improvisée avec Tim Thomas, il a également su avoir un impact en défense, se montrer clutch et dominer dans une équipe pourtant drivée par son MVP Steve Nash et Shawn Marion. À l’époque, il fait presque oublier Amar’e Stoudemire, pourtant si important dans cette équipe. Le tout à seulement 24 ans et dans sa troisième saison NBA. Souvent décrit comme un joueur trop altruiste tout au long de sa carrière, il a su, durant ce printemps de 2006, dominer au scoring lorsque son équipe en a eu besoin. Un talent fou porté par son côté all-around qui a également fait le bonheur des Spurs quelques années plus tard, cette fois-ci le menant jusqu’au titre NBA en 2014.
Stats sur les playoffs 2006 :
- 20 matchs – 39.8 minutes – Éliminé en finale de conférence Ouest
- 18.7 points, 6.7 rebonds, 5.2 passes, 1.1 contre, 0.9 interception, 2.8 pertes de balles, 3.2 fautes
- 52.6% aux tirs, 42.9% à 3p, 76.1% aux LF
Les plus jeunes d’entre vous ont connu le Boris Diaw des Spurs, mais pas forcément celui des Suns où il a sans doute connu son prime. Il est donc juste de rappeler quel joueur exceptionnel il était et ses playoffs 2006 en sont la meilleure preuve.