C’est une de ces histoires dans les coulisses de la NBA qui nous rappelle qu’au delà des millions, de la folie médiatique et des exigences du terrain, les histoires humaines sont possibles. Plongée, grâce à un excellent papier de The Athletic, dans la fameuse relation entre les joueurs de la ligue et Diane Simon, la « Cookie Mom ».
Après un match banal et sans grand intérêt entre les Pistons et les Wolves à Détroit, Taj Gibson n’avait qu’une chose en tête, et il avait hâte. Sitôt les obligations médiatiques réalisées, le vétéran le savait, un sourire familier l’attendait, celui de Diane Simon. Diane Simon a 64 ans, pas de mari, pas d’enfant, et une passion depuis 40 ans : se rendre aux salles du Midwest, surtout Cleveland, Chicago et Détroit pour donner aux joueurs ce qu’elle fait le mieux : ses cookies maison.
Gibson, grand habitué, s’amuse toujours de voir des rookies totalement déboussolés par la scène : « C’est marrant quand on a des rookies ou des jeunes, ils se demandent ce qu’il se passe. J’ai présenté Diane à Josh [Okogie], et 20 minutes après il avait dévoré tous ses cookies ! »
L’ancien du Thunder Reggie Jackson confirme :
« Quand tu es jeune, tu es sceptique, puis tu vois les vétérans comme Russell [Westbrook] ou Kevin [Durant] l’enlacer, et tu comprends. Elle fait partie de la grande fraternité qu’est la NBA. Tout le monde la connaît, est à l’aise avec. Elle a un cœur pur »
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Larry Bird, Michael Jordan, Kobe Bryant, James Harden, Russell Westbrook, Scottie Pippen… Tous les plus grands ont croisé celle que Joakim Noah surnomme la « Cookie Mom », toujours avec le même plaisir. Diane Simon voit les joueurs NBA comme les enfants qu’elle n’a jamais eus. Elle cuisine elle-même, voyage à son propre coût, et refuse l’argent que les joueurs veulent parfois lui donner. Tout ce qu’elle attend en retour, ce sont des sourires, des discussions, et de la chaleur humaine :
« J’aime faire des choses pour les autres. Pour moi, c’est une manière de rencontrer des gens et de partager quelque chose. Vous commencez à parler, puis ça mène à une amitié, et je crois au pouvoir de l’amitié. Pourquoi les cookies ? Les gens veulent toujours quelque chose des joueurs, un autographe, une photo… Je voulais qu’ils sachent que quelqu’un était là pour eux sans rien leur demander en retour. Et les cookies, c’était bien »
Vous devez forcément vous demander comment une dame tout à fait ordinaire a accès aux coulisses des salles NBA, bénéficiant de la complaisance de la sécurité. Vous allez être déçus, car les joueurs eux-mêmes ne savent pas vraiment : « Personne ne sait réellement… Je ne sais pas, je sais juste que ses cookies sont excellents », avance Bobby Portis. La vraie réponse, c’est peut-être son ancienneté.
Depuis les années 70, Diane arpente les salles NBA, avec un mode opératoire qui a évolué :
« Au début, j’avais des Tupperwares, mais Scottie Pippen, Michael Jordan et Ron Harper m’ont dit : « On ne veut pas que tout le monde touche nos cookies avec leurs doigts », alors je suis passé à des boites de conserve individuelles. A l’époque, ça coûtait 25 centimes, mais maintenant, c’est 3 ou 4 dollars ! Alors depuis quelques années, j’utilise des boîtes comme vous pouvez en voir dans les pâtisseries »
Pour énormément de joueurs et coachs NBA, match à Cleveland rime avec Diane Simon. Reggie Jackson, Jabari Parker, Doc Rivers (qui la connaît depuis 20 ans) et tant d’autres, tous viennent récupérer leur petit paquet. Et prendre une dose de bonne humeur, comme l’explique Gibson :
« Elle me parle toujours, me demande comment ça va, me dit ne pas m’inquiéter après un mauvais match… Dans un business où les visages changent tout le temps, elle est toujours là. Tu la vois chaque année et elle illumine ta journée ».
Une belle histoire, méconnue du grand public, qui remet l’humain au centre des choses. Et si vous allez voir un match à Cleveland, Chicago ou Détroit, vous avez qui chercher pour vous régaler.
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