Commençons par le commencement : Russell Westbrook n’a jamais été un shooteur. Désolé pour les fans du Thunder, mais le meneur est plus un adepte de « dunk party » que de missiles téléguidés au-delà de 7,23m. Pourtant, son jeu est amené à décliner, du moins physiquement. Il ne lui restera alors qu’une possibilité pour perdurer en NBA : un shoot.
Le Thunder va bien, merci pour lui. Bien que l’équipe de Billy Donovan reste sur deux défaites consécutives (face aux Wizards puis aux Wolves), OKC se balade avec un bilan faste de 38-23 et une troisième place au sein de la conférence Ouest, au contact des Warriors et des Nuggets. Le tout, il faut le rappeler, après avoir commencé la saison avec quatre défaites de rang. Depuis, Oklahoma City demeure donc sur une dynamique positive. Collectivement oui, mais personnellement pour Russell Westbrook, c’est moins le cas.
Le MVP 2017, toujours en passe de réaliser une troisième saison de suite en triple-double – ce qui serait complètement fou, va beaucoup moins bien. Les TD’s s’enchaînent, le meneur continue d’impliquer ses coéquipiers et de distribuer la balle. Sa combativité au rebond est bonne à voir, et plus important, très utile au Thunder. Mais un détail chagrine toujours concernant Westbrook : son tir.
On vous le disait en intro, « Brodie » n’a jamais été un shooteur contrairement à la pensée peut-être de certains. Il reste capable de rentrer des tirs importants, et parfois même clutch, mais ses pourcentages sont abyssaux. A peine 38% au tir sur le mois de décembre et 20% derrière l’arc, sans parler des 66% sur la ligne des lancers. Des stats qui perdurent et encore similaires durant ce mois de janvier. Si Westbrook voulait débuter 2019 avec une meilleure adresse, c’est clairement manqué pour le moment.
Avec un 43% au tir en carrière ou un 30% derrière l’arc, Russell Westbrook n’a finalement jamais été un scoreur. Il reste incapable de sanctionner avec des tirs ouverts (28.5% cette saison), mais c’est surtout sa sélection de tirs qui lui fait défaut.
Dans l’action à suivre, on peut voir Westbrook tenter le pick-and-roll avec Jerami Grant. De’Aaron Fox est bien écarté et le meneur du Thunder se retrouve avec une courte fenêtre de tir. Il temporise, et laisse son défenseur se rapprocher et prend alors seulement le tir. Ce dernier est alors bien contesté et le résultat est un air-ball.
Ca, c’est un mauvais shoot. Vous en voulez encore un ? Allez.
–
A lire également : Comment Russell Westbrook a transformé sa défense ?
Les actions comme cela sont malheureusement monnaie courante dans l’Oklahoma. Westbrook possède une mauvaise sélection et pour prendre un exemple très récent, son tir dans le money-time face aux Wolves peut être utilisé :
On vous passe la fin, vous la connaissez.
Heureusement pour le Thunder actuellement, cette inefficacité croissante de son meneur ne porte pas préjudice au succès de la franchise. Paul George cartonne cette saison à l’inverse de son coéquipier et s’est rapidement installé comme le scoreur principal de l’équipe. L’attaque n’est également pas la première raison du succès d’OKC sur ce nouvel exercice, il s’agit bien de la défense.
Oklahoma City est la meilleure défense de la ligue avec un défensive rating de 102.2, meilleur que les Celtics ou encore les Pacers. Les hommes de Billy Donovan limitent également très bien leurs adversaires à 44.8% en moyenne au tir (troisième meilleur pourcentage de la ligue). Un atout de taille et qui comble les largesses offensives de l’équipe. Le Thunder est notamment l’une des pires franchies de la ligue derrière l’arc à seulement 33% au-delà des 7,23m. Inutile de préciser que Westbrook joue beaucoup dans ce très maigre pourcentage, mais pas que.
Ce qui rend finalement plus clair le fait que le Thunder a besoin d’un shooteur.
Paul George fait le travail, mais il deviendra rapidement la cible de toutes les défenses en playoffs. Ces dernières, connaissant les pourcentages de Russell Westbrook, n’hésiteront pas à le laisser tenter des tirs, pour un résultat aujourd’hui famélique. Une autre menace semble donc nécessaire, et Westbrook doit savoir augmenter son adresse.
Cette nécessité de devenir un bon tireur peut également s’expliquer par le déclin du meneur. Opéré au début du mois de septembre au genou, la quatrième fois de sa carrière, Westbrook accuse-t-il le coup ? Il n’a plus 20 ans, à vrai dire, il en a déjà 30. Brodie mise beaucoup sur son physique et il manque beaucoup d’explosivité cette saison. Peu de finition au cercle rageuse, une tendance à ressortir à trois points pour ses coéquipiers plutôt que de terminer l’action lui-même. On peut évidemment se dire que Westbrook implique ses coéquipiers – ce qui est une bonne chose, et vous aurez probablement raison. Mais l’on peut aussi se demander si son physique ne commence pas gentiment à lui faire défaut ?
Vince Carter lui, l’a compris. Monstre physique, Vinsanity a rapidement acheté un shoot afin de perdurer dans la ligue. Il ne saurait probablement plus là si ce n’était pas le cas. Westbrook devra probablement en faire autant, et notamment pour soulager Paul George, mais surtout pour augmenter les chances de son équipe. Imaginez une seule seconde si Westbrook était un peu plus adroit au tir et sanctionnait plus facilement ? Le Thunder, en plus de sa défense, serait alors une équipe vraiment délicate à jouer, encore plus qu’aujourd’hui.
Oklahoma City survit actuellement avec un Westbrook en deçà. Son apport ne se limite pas au tir, mais il est clair qu’une meilleure adresse ferait du bien aux hommes de Billy Donovan. Plus important encore, si « Westbeast » voit son corps le lâcher, un shoot paraît être une nécessité afin de rester en NBA, et ce malgré ses autres qualités.
Mais aussi : Kyrie Irving explique pourquoi il est difficile de jouer avec LeBron James