Vous êtes désormais tous au courant de la violente altercation verbale entre Kevin Durant et Draymond Green, pour laquelle ce dernier a été suspendu par sa propre franchise. Quelles conséquences à court et à moyen terme pour Golden State ? On fait le point.
L’heure est à la dédramatisation du côté de Golden State. Stephen Curry vous dit que tout rentrera vite dans l’ordre. Klay Thompson abonde dans son sens. Et si les seuls Splash Bros ne vous suffisent pas, Andre Iguodala est là pour vous rappeler que Shaquille O’Neal et Kobe Bryant ne s’aimaient pas et ont pourtant gagné trois titres ensemble. Sans parler de Steve Kerr, qui a connu pire et s’est souvenu de la bagarre qui l’avait opposé à Michael Jordan lors de ses années aux Bulls. Mais ne vous-y trompez pas. Derrière ces stratagèmes de communication pure, il serait idiot de nier la portée de l’altercation entre deux des joueurs phares de l’équipe. Pourquoi ? On vous dit tout.
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C’est officiel, Golden State ne sera jamais l’équipe de KD
Il a beau avoir 2 MVP des finales et Stephen Curry 0, il a beau être considéré comme le deuxième meilleur joueur du monde derrière LeBron James, voire le premier, Kevin Durant ne sera jamais vraiment chez lui à Golden State, et les Warriors ne seront jamais sa franchise. KD sera toujours à l’écart du noyau dur composé de Curry, Thompson et Green, arrivés chez les Dubs par la draft, et, de fait, Warriors dans le sang. Une légitimité qui ne s’achète pas (encore moins vu le contexte de l’arrivée de Durant, venu chasser de la bague), et dont l’altercation d’il y a deux jours a scellé le sort. Le fait que Green refuse de donner la balle à KD alors qu’il la demandait de tout son cœur en dit long sur cette hiérarchie implicite entre les joueurs, basée sur la loyauté et l’ancienneté. Imaginez, d’ailleurs, la même situation avec Stephen Curry à la place de Durant. Le ballon aurait bien évidemment atterri dans les mains de l’artilleur en chef des Warriors.
On dira ce qu’on veut, mais c’est encore une preuve que GS n’est pas VRAIMENT l’équipe de KD. Et ça le sera jamais.
Si MJ, Kobe, LeBron demandent la balle avec 5 secondes, ils l’ont. Ils ont même pas à la demander. Parce que c’est leur équipe. Là, non. pic.twitter.com/A7DEYMuIxy
— Parlons NBA (@ParlonsNBA) 13 novembre 2018
Finalement, Durant paie ici assez nettement la manière avec laquelle il a gagné ses bagues. Gagner un titre est une chose, gagner le respect total de ses coéquipiers au point d’être leader incontesté d’une franchise en est une autre. KD a certes eu l’un, mais il n’aura jamais l’autre dans la Baie. Et ça pourrait bien conditionner son avenir.
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Le futur de Durant plus que jamais mis en doute
Désormais auréolé des bagues qu’il était venu chercher, et sentant clairement que Golden State ne sera jamais sa franchise, quel intérêt Kevin Durant a-t-il à poursuivre l’aventure dans la Baie au-delà de l’été prochain ? Silencieux à ce sujet dans les médias, KD, d’après le consensus général qui émane des insiders, officiels de la ligue et même des joueurs, a plus de chances de quitter les Warriors en 2019 que d’y rester. Une situation qui a particulièrement agacé Draymond Green. L’aboyeur a reproché à son coéquipier de ne pas clarifier sa situation, et il l’a même accusé de se préparer à partir quoiqu’il arrive.
Une saison NBA est longue, et chacun sait que tout va très vite dans la ligue, mais soyons clair : l’idée de voir KD quitter Golden State est plus que jamais d’actualité. Tous les bruits de couloir de sources fiables convergent en ce sens, et la fracture entre le double MVP des finales et un des joueurs historiques du vestiaire n’arrangera rien. Il ne s’agit d’ailleurs pas de la première embrouille entre les deux hommes. Interrogé hier soir par un journaliste qui demandait s’il était ami avec Green, Durant a botté en touche :
« Je ne pense même pas que ça ait un intérêt en ce moment »
La franchise a fait un choix très osé
Face à la polémique, les Warriors ont réagi et frappé fort. Le General Manager Bob Myers et Steve Kerr ont été les deux décisionnaires majeurs dans la suspension de Draymond Green. Une décision qui donne l’impression de « protéger » Kevin Durant et de jeter Green au feu. Il convient évidemment de rappeler que c’est bien Draymond qui a la plus grosse part de responsabilité, en ayant tenté un raid solitaire à contre-emploi pour lui et en ayant ignoré le meilleur joueur et spécialiste de ces situations sur le terrain. Mais la suspension (et la retenue sur salaire qui l’accompagne) sont des gestes forts, particulièrement envers un joueur qui a beaucoup sacrifié pour Golden State, y compris financièrement. Imprévisible et borné, Green ne pourrait-il pas voir là une fissure majeure avec sa franchise de toujours ? Pire, une trahison ? D’un point de vue management long terme, n’est-il pas risqué de se mettre à dos des joueurs historiques et appelés à rester dans la Baie (et pourquoi pas y finir leur carrière) pour contenter un joueur dont on sait qu’il pourrait bien partir dans 9 mois ? Les Warriors ont le mérite d’avoir tranché. Reste à savoir si ça va payer.
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Un gros obstacle sur la route du titre ?
Klay Thompson, pourtant si peu loquace, a pris la parole dans le vestiaire des Warriors après l’altercation, signe que le problème était loin d’être anodin. En substance, le sniper a expliqué à ses troupes que l’équipe la plus dangereuse pour Golden State cette saison, c’est peut-être bien Golden State. On connait l’importance d’un équilibre dans le vestiaire et d’une camaraderie entre les joueurs en NBA, point sur lequel la gestion des Warriors a très longtemps été parfaite. Difficile à présent de ne pas imaginer de la gêne ou de l’ambiguïté entre Durant et Green, et par effet domino pour les autres joueurs autour, qui marcheront forcément sur des œufs. Klay Thompson a beau avoir dit, avec une expression dont il a le secret, que cet épisode « appartiendra bientôt au passé comme une queue de cheval », Steve Kerr a probablement la gestion la plus épineuse de son mandat dans la Baie sur les bras. Il faudra surveiller le partage du ballon entre les différents joueurs, veiller aux petits gestes d’humeur et à l’agacement. Golden State va être, pendant quelques matchs au moins, une cocotte minute. Elle devra impérativement être maitrisée. La suite de la saison pourrait bien en dépendre.
La mine déconfite de Steve Kerr en conférence de presse hier ne trompait pas, les Warriors ont bien un gros problème sur les bras. Il va maintenant s’agir de désamorcer la bombe au mieux. Mais soyons lucides : la violence des propos de Green, qui, entre plusieurs insultes, a abreuvé son coéquipier de reproches hargneux et incisifs, ne s’estompera pas en un claquement de doigts.
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