Par Pierre-Andréa Fraile | Journaliste sportif
Entraîneur de West Ham de 2015 à 2017, Slaven Bilic a eu la chance de diriger Dimitri Payet durant ses plus belles heures sur les terrains de Premier League. La fin brutale de leur collaboration l’a toutefois conduit à livrer des mots forts sur le Français.
Afin de se souvenir de joueurs qu’ils ne pouvaient pas considérer comme des stars, mais dont les performances les ont marqués, les Anglais ont tendance à les ranger dans une catégorie dénommée « Streets won’t forget ». Catégorie dans laquelle un nom bien connu des Français figure, à savoir celui de Dimitri Payet. Car oui, entre ses deux passages à l’Olympique de Marseille, ce dernier a rayonné en Premier League.
Recruté par West Ham en juillet 2015, le milieu de terrain tricolore y a réalisé une saison et demie mémorable. Auteur de gestes aussi spectaculaires qu’efficaces, il se révélait notamment létal dans l’art du coup franc. Cependant, cette réussite outre-Manche sur le plan individuel ne l’a pas encouragé à s’y installer durablement. Au lieu de cela, il a préféré retourner en France… au grand dam de son entraîneur de l’époque.
La réaction échaudée de Slaven Bilic au départ de Dimitri Payet
Cadre des Hammers, Payet a dû aller au bras de fer avec sa direction pour quitter Londres durant le mercato hivernal 2017. Interrogé à ce sujet en conférence de presse, Slaven Bilic n’avait alors pas hésité à fustiger l’attitude de son maestro :
Slaven Bilic : Évidemment que je suis en colère ! Cette équipe, les joueurs et le staff lui ont tout donné.
Ils ont toujours été là pour lui, donc bien sûr que j’ai la sensation qu’il m’a trahi, d’être en colère et déçu. L’équipe lui a tout donné et c’est très frustrant. J’ai une équipe à gérer et je dois m’assurer qu’elle garde le même engagement. On ne peut pas laisser ce genre de situation arriver. C’est impossible.
Un discours assez paradoxal, sachant que Bilic avait lui-même adopté cette tactique vingt ans plus tôt.
Alors joueur… de West Ham, le Croate avait lui aussi tenté de forcer son départ vers Everton malgré l’avis réfractaire de son coach, Harry Redknapp. Cela n’avait d’ailleurs pas échappé à la presse anglaise, qui s’était faite un plaisir de remettre ce dossier au goût du jour en parallèle du feuilleton Payet. De quoi, peut-être, expliquer le revirement du tacticien une fois le transfert de son joueur à l’OM acté :
Slaven Bilic : Est-ce que Dimitri doit faire des excuses ? Non, je ne dirais pas ça. Les joueurs vont et viennent et je n’ai pas à déterminer s’il doit s’excuser ou non. Il est parti, il est rentré à la maison, c’était son souhait et je n’oublierai pas à quel point il a été bon. (…) Je tiens à le remercier pour tout ce qu’il a fait pour nous. Il a été brillant la saison dernière. Cette histoire est terminée et je lui souhaite bonne chance à Marseille.
Après lui avoir donné les clés du jeu de West Ham, Slaven Bilic a très mal vécu la demande de départ de Dimitri Payet. Ce, alors qu’il avait eu recours aux mêmes méthodes vingt ans plus tôt afin de rejoindre Everton… pour un résultat similaire.