Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Quand on parle des héros de France 98, on pense souvent à l’unité d’une équipe qui a fait vibrer tout un pays. Pourtant, même entre champions du monde, les tensions existent. Le clash entre Frank Leboeuf et Lilian Thuram, deux figures emblématiques, a marqué les esprits, notamment autour d’une anecdote dans les vestiaires. Voici un retour sur cette histoire qui montre que même les légendes peuvent se chamailler.
Tout commence dans l’euphorie de la victoire de la Coupe du Monde 1998. Alors que les Bleus célèbrent leur triomphe, une scène dans les vestiaires va semer les graines d’une discorde. Christophe Dugarry raconte :
On était en train de prendre des photos avec la Coupe, et là, j’entends Lilian Thuram dire : « Allez les blacks, on fait une photo tous ensemble » Frank Leboeuf, présent, réagit immédiatement en lançant : « Lilian, qu’est-ce que tu dis ? Imagine si on avait dit : ‘Allez les blancs, on fait une photo tous ensemble’ ? »
Ce moment, anodin pour certains, a été confirmé par le défenseur central, qui a souvent répété l’anecdote.
Les reproches appuyés de Christophe Dugarry à Lilian Thuram
Il faut dire que Thuram, devenu depuis une voix reconnue contre le racisme, a toujours eu un discours engagé. Lors de la révélation de cette séquence par Dugarry en 2011, l’ancien de la Juventus, surpris, avait répondu qu’il n’avait « pas souvenir » d’avoir dit ça, et qu’il n’utilisait pas le terme « black ».
Pour lui, cette sortie était une tentative de détourner l’attention de débats plus sérieux, comme les propos de Laurent Blanc à l’époque du scandale des quotas.
Le contexte de ce clash, en effet, c’est aussi une époque où les anciens de 1998 commençaient à s’écharper publiquement. Cette affaire des quotas, où Blanc avait été accusé de tenir des propos discriminatoires, a divisé le groupe. Dugarry lâchait alors à propos de Thuram :
J’aimerais qu’il arrête de donner des leçons à tout le monde.
Estimant même que « Tutu », comme il était surnommé dans le vestiaire, se prenait pour un « juge de la Cour Suprême », Dugarry avait marqué un soutien appuyé à Blanc durant la période. Et si Thuram et le « Président » avaient fini par s’expliquer au téléphone, dissipant tout malentendu, « Duga » avait tout de même un message à faire passer au héros de France-Croatie :
Lilian ne doit pas oublier qu’il arrive à tout le monde de dire des choses qui dépassent sa pensée ou qui peuvent être mal interprétées.
Alors, que retenir de ce clash ? Peut-être que même entre champions, les ego et les idées s’entrechoquent. Leboeuf et Thuram ont marqué l’histoire du foot, mais aussi montré qu’ils sont humains, avec leurs désaccords. Une chose est sûre : cette anecdote ne ternira pas leur légende. Elle ajoute juste une touche de piment à l’épopée des Bleus de 98.