Par Pierre-Andréa Fraile | Journaliste sportif
Incapable de le battre sur le circuit ATP, Richard Gasquet affichait malgré tout d’excellents rapports avec Rafael Nadal. Mais malgré de longues années à se côtoyer sur les courts en dehors, il n’a jamais su déterminer la véracité de l’Espagnol à un égard.
Étant jeunes, ils semblaient promis à une carrière du même acabit. Au final, leurs parcours se sont avérés différents, bien que tous les deux admirables. Richard Gasquet n’a en effet pas réussi à suivre le rythme infernal de Rafael Nadal, devenu l’un des meilleurs joueurs de l’histoire du tennis. De son côté, le Français n’a par exemple jamais remporté un tournoi du Grand-Chelem, lui qui tirera sa révérence d’ici quelques mois.
Et s’il fallait encore noircir le trait qui sépare les deux joueurs, un simple coup d’œil au bilan de leurs confrontations suffit. Au nombre de 18, ces duels ont ainsi tous filé dans l’escarcelle de Rafa, véritablement impitoyable. Mais alors, comment expliquer un tel contraste ? Un premier élément de réponse peut être trouvé dans la mentalité du Majorquin, considérée comme un exemple en la matière.
Quand Richard Gasquet s’interroge sur le tempérament de Rafael Nadal
À fond sur toutes les balles, Nadal ne prenait qui plus est jamais de haut le moindre adversaire. C’est d’ailleurs ce qu’a rappelé Gasquet avec humour à ses homologues, Adrian Mannarino et David Goffin, dans le cadre d’une discussion filmée par l’UTS :
Richard Gasquet : Nadal, même s’il jouait contre un 3/6 (joueur de niveau régional, ndlr), il allait te dire qu’il allait forcément devoir faire un bon match pour gagner !
Une approche des plus sérieuses que l’ogre espagnol affichait même sur sa surface de prédilection, ce qui pousse sa victime favorite à s’interroger :
Richard Gasquet : Je ne sais pas s’il mentait ou s’il redoutait vraiment d’affronter ne serait-ce qu’un joueur qualifié sur terre battue. C’est la question. Est-ce qu’en débutant son premier tour, il se disait vraiment qu’un truc pouvait se passer ?
Une conversation qui a beaucoup amusé Mannarino et Goffin, eux aussi incapables de se mettre à la place de Nadal :
Adrian Mannarino : Est-ce qu’il partait de la chambre d’hôtel le matin en se disant, « Si ça se trouve, je vais revenir après avoir perdu au premier tour » ? (Rires)
David Goffin : Il se demandait peut-être, « Est-ce que je fais déjà ma valise à moitié ? » Ou bien, « Est-ce qu’il y a un vol Paris-Majorque au cas où je devrais directement rentrer ? » (Rires) Ces joueurs-là sont tellement des extra-terrestres, tu ne sais pas ce qu’ils se disent.
Quoi qu’il en soit, ce respect envers ses concurrents a plutôt réussi au Taureau de Manacor au vu de son immense palmarès.
Même durant ses plus grandes heures, Rafael Nadal craignait-il vraiment de s’incliner face à des joueurs bien inférieurs à lui ? À défaut d’en avoir le cœur net, Richard Gasquet peut constater que cette mentalité s’est avérée fructueuse pour le Majorquin.