La drôle de première réaction d’Aimé Jacquet après France-Brésil 1998 : « Ma hantise »

Aimé Jacquet évoque la Coupe du Monde 1998 et le match face aux Africains du Sud
FFF (DR)

Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web

Sacré champion du monde après une véritable démonstration face au Brésil, Aimé Jacquet n’a pas immédiatement profité. Il a d’ailleurs longtemps été pris d’une grande crainte, à première vue étonnante, mais qui en dit long sur l’homme qu’est l’ex-sélectionneur des Bleus.

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Le 12 juillet 1998, une date qui restera à jamais gravée dans l’histoire du sport français, déjà, mais aussi de la société française dans son ensemble. C’est en effet un pays tout entier qui a communié comme jamais depuis la Libération, dans une ivresse de bonheur partagé. Vainqueurs du Brésil (3-0), les Bleus étaient en mission, et cela dès le matin même, comme raconté par Aimé Jacquet à la FIFA :

Pendant 48 heures, une atmosphère fantastique a plané autour de ce match. Et il y avait une implication importante dans la concentration, dans la mise en place. Les joueurs étaient dans un climat de réussite. On attendait cette finale avec tellement d’impatience ! Au dernier entraînement, le matin du match, il a même fallu que je dise : « Calmons-nous, c’est ce soir qu’on joue ! »

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Paradoxalement, ce match face à « la meilleure équipe du monde » a été le plus facile dans son déroulé pour les Bleus. Après le but on or tardif contre le Paraguay, les irrespirables tirs au but contre l’Italie, et la demi-finale renversée face à la Croatie, la France était finalement plus à l’aise contre le Brésil. Jacquet confirme :

On savait très bien comment faire, beaucoup de choses avaient été mises en place très simplement. Il valait mieux voir ces merveilleux techniciens le plus loin possible de notre but, ne pas les laisser nous aborder dans les surfaces décisives. Ils nous ont fait mal en deuxième mi-temps. A 2-0, on a eu une période extrêmement dure, à cause de Ronaldo notamment. Mais la présence des uns et des autres était tellement grande, le surpassement tellement fort ! Il fallait ça pour battre cette équipe.



La crainte de l’oubli d’Aimé Jacquet après la finale

D’un naturel prudent, le natif de Sail-sous-Couzan ne s’est jamais laissé aller à penser l’affaire pliée jusqu’à la cerise sur le gâteau d’Emmanuel Petit dans le temps additionnel :

Jamais. Je suis bien placé pour savoir que tout va très vite face à de grands joueurs capables de renverser des situations, de vous faire douter même avec deux buts d’avance. C’est seulement quand Emmanuel Petit a marqué le troisième but en fin de match que je me suis dit : « Ça y est ! Nous sommes champions du monde ! »

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Euphorique quelques instants plus tard au coup de sifflet final, Jacquet a pourtant longtemps été tétanisé par sa crainte de ne pas être allé saluer Mario Zagallo, son homologue brésilien, à qui il voue un grand respect :

Ce que j’ai ressenti ? quelque chose qu’aujourd’hui encore je ne sais pas définir, comme une coupure. A présent, je m’en souviens bien, mais sur le coup non. Ma hantise était de ne pas avoir salué M. Zagallo, et pourtant je l’avais fait, j’étais allé l’embrasser.

Qui m’a emmené voir les gens de mon village placés dans le virage opposé ? Qui m’a soulevé ? Je ne savais pas. A présent, quand j’évoque France 98, il me faut 48 heures de récupération ensuite (rires). Je vais continuer à cogiter après notre entretien !

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Ivre de bonheur d’avoir réussi sa mission, Aimé Jacquet n’avait pourtant qu’une chose en tête : saluer l’entraîneur adverse, par respect et courtoisie. Une anecdote qui en dit long sur le caractère de ce sélectionneur autrefois tant décrié, et qui est entrée par la grande porte et à juste titre dans l’histoire du sport français.

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