Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Présent dans les pelotons en tant que coureur au sélectionneur depuis un quart de siècle, Thomas Voeckler en connaît évidemment un rayon sur le cyclisme. Récemment, il a même accepté d’évoquer un sujet tabou pour de nombreux protagonistes : le dopage. Avec un ton suspicieux qui a de quoi préoccuper…
Si Thomas Voeckler est aussi populaire auprès du public français, c’est d’abord évidemment pour ses exploits sur la selle. Porteur du maillot jaune à plusieurs reprises, l’Alsacien a rallié tout un pays à sa cause en 2004 et en 2011, avant de s’adjuger le prix de meilleur grimpeur du Tour de France 2012. Mais au-delà de son panache, c’est aussi sa personnalité et sa franchise qui ont plu.
Voeckler tend en effet à dire les choses comme il les pense, même quand il s’agit de dopage. Voilà en effet plusieurs années que les contrôles positifs se font de plus en plus rares, alors que les performances, elles, sont de plus en plus impressionnantes. De quoi s’inquiéter ? La réponse est oui selon le Français…
Thomas Voeckler inquiet quant au dopage dans le vélo
Interrogé par Winamax, le sélectionneur des Bleus a en effet partagé son avis honnête sur le sujet épineux du dopage dans le cyclisme :
Vous ne m’entendrez jamais affirmer qu’il n’y a pas de dopage dans le peloton, et vous ne m’entendrez jamais affirmer qu’untel ou untel est dopé – parce que je n’ai pas d’éléments. Mais je ne vais pas cacher que ce qui m’inquiète un peu, c’est que depuis quelques années, on ne chope pas de mecs.
J’ai du mal à croire que d’un seul coup, pour être tout à fait sincère, et alors que les enjeux économiques sont plus élevés, avec des budgets trois fois plus élevés qu’avant, que tout le monde se soit dit : « Ah ben c’est pas bien de se doper, plus personne ne se dope ». Parce que sur les deux dernières décennies, ce sont les affaires judiciaires qui ont révélé (la triche), plus que les contrôles en eux-mêmes. Et là depuis quelques années, on ne chope plus personne.
Ce n’est pas le fait que les vitesses augmentent et que ça roule vite qui m’inquiète, parce qu’il y a des explications très claires et concrètes à cela. Les avancées sur la nutrition, le haut niveau de l’entraînement, le matériel… Avec un vélo de mon époque, là où vous rouliez à 48km/h, aujourd’hui avec la même puissance développée, vous êtes à 53km/h – et je n’exagère pas.
Mais en même temps, c’est vrai qu’il y a d’autres sports où économiquement c’est x10 ou x100 par rapport au vélo, et il n’y a jamais un cas de dopage. Donc j’ai du mal à croire, dans la nature humaine, que tout le monde ait décidé d’arrêter alors qu’il y a beaucoup plus d’argent en jeu.
Tout le problème du dopage est là : les tricheurs ont toujours eu un temps d’avance sur les contrôles et sur les autorités, et Thomas Voeckler craint que la situation soit semblable en 2025. Dans des proportions d’ailleurs peut-être jamais vues au regard du très faible taux de contrôle positifs enregistrés ces dernières années…