Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Aimé Jacquet restera dans l’histoire comme l’homme qui a mené la France à son premier titre mondial en 1998. Pourtant, avant cette consécration, il a dû affronter des critiques incessantes, notamment de la part du journal L’Équipe. Parmi ceux qui ont dénoncé cette injustice figure Jean-Michel Larqué, ancien joueur et consultant, qui n’a jamais mâché ses mots sur le sujet.
Aucun sélectionneur n’a dû autant lutter contre une mauvaise presse que lui. À partir de 1996, L’Équipe s’en prend régulièrement à Jacquet, allant jusqu’à le surnommer de façon méprisante « le paysan de Sail-sous-Couzan », en référence à son village natal. Une honte pour Jean-Michel Larqué, selon qui ces attaques dépassaient le cadre du football :
Ils ne critiquaient pas seulement l’entraîneur, ils s’attaquaient à l’homme.
L’ex-capitaine des Verts assure d’ailleurs que cette campagne de dénigrement a profondément blessé Jacquet, qui en garde encore aujourd’hui un goût amer.
Jean-Michel Larqué d’accord avec Aimé Jacquet
Malgré ces critiques, Jacquet a tenu bon et a construit une équipe solide, basée sur un collectif avant tout. De quoi faire souligner à Larqué l’ironie de la situation au micro d’Europe 1 :
Le journal L’Équipe s’est planté dans les grandes largeurs, et son amour propre en a pris un petit coup.
Il n’en reste pas moins que ce harcèlement médiatique a laissé des traces. Jacquet lui-même confiera des années plus tard : « Je ne pardonnerai jamais. » Un ressentiment que comprend Larqué, lui-même ancien joueur et entraîneur. « Quand tu es constamment mis plus bas que terre, ça marque à vie », explique-t-il.
Du genre têtu et rancunier, Jacquet n’a eu que faire des excuses de celui qui était alors le patron de L’Équipe. Bien décidé à ne jamais pardonner, promesse à laquelle il s’est d’ailleurs tenu jusqu’à ce jour, l’ex-sélectionneur des Bleus a même eu gain de cause au tribunal.
En 2003, l’affaire a en effet pris un tournant judiciaire lorsque Jacquet fut poursuivi en justice par L’Équipe pour « injure publique ». Le tribunal a néanmoins fini par lui donner raison, estimant que son amertume était justifiée par les attaques qu’il avait subies. Un verdict qui, aux yeux de nombreux observateurs, est venu confirmer l’injustice du traitement médiatique infligé à Jacquet.
Aujourd’hui encore, cette affaire rappelle combien les critiques peuvent parfois aller trop loin. Pour Jean-Michel Larqué, il est essentiel que les médias restent dans l’analyse sportive et ne s’attaquent pas aux personnes, ce qui tend trop souvent à être oublié. L’histoire a donné raison à Aimé Jacquet, mais le mal était fait...