Par Joël Pütz | Journaliste sportif
Longtemps passé par la Serie A italienne, Lilian Thuram a été aux premières loges pour assister aux multiples polémiques racistes impliquant les tifosi du pays. Très sensible à ce sujet, l’ancien champion du monde avait d’ailleurs réglé ses comptes avec la Botte.
Il a démarré sa carrière à Monaco et l’a achevée en Espagne à Barcelone, mais c’est bien en Italie que Lilian Thuram a disputé l’essentiel de son parcours de joueurs. Au total, ce sont pas moins de dix saisons que l’ancien défenseur central a passées en Serie A, d’abord à Parme puis à Turin. L’occasion pour lui de découvrir le championnat local ainsi que ses nombreux dérives extra-sportives impliquant les supporters.
Ce n’est pas un secret, les déclarations et chants racistes sont monnaie courante parmi ces derniers dans la Botte. Un constat intolérable pour le Français, très impliqué dans des sujets allant de l’immigration au racisme. Interviewé par le quotidien Il Mattino en 2018, il s’était d’ailleurs montré très clair dans sa prise de position :
Lilian Thuram ultra-cash sur le racisme dans les stades italiens
Il est important que quelqu’un dise que tout ceci doit s’arrêter, car le vrai problème, ce sont les entraîneurs et les joueurs qui n’osent pas parler de peur de se mettre les supporters à dos. Ceux-là font mine de ne rien voir, il leur manque la volonté de dénoncer ces mauvais comportements. Avec une intervention comme celle d’Ancelotti (qui venait de lourdement critiquer les fans italiens, ndlr), on avance dans la bonne direction.
Pour le champion du monde 1998, les acteurs de la Serie A seraient beaucoup trop timides au moment de dénoncer les dérapages des fans alors que ce sont eux qui sont les premiers visés. Quelques mois plus tard à peine, alors que l’attaquant Romelo Lukaku se retrouvait victime de remarques insultantes et racistes, Thuram était d’ailleurs à nouveau monté au créneau en interview avec le Corriere dello Sport :
Il y a une hypocrisie incroyable et il manque la volonté de résoudre le problème. Ne rien faire équivaut à être d’accord avec ceux qui poussent des cris racistes. Si quelque chose vous dérange, vous faites tout pour la changer. En France, on interrompt les matches en cas de comportement contre l’homosexualité dans les tribunes : suspendre la rencontre et renvoyer les joueurs aux vestiaires, cela veut dire éduquer les gens.
Il faut prendre conscience que le monde du foot n’est pas raciste mais qu’il y a du racisme dans la culture italienne, française, européenne et plus généralement dans la culture blanche. Il est nécessaire d’avoir le courage de dire que les blancs pensent être supérieurs et qu’ils croient l’être. De toutes les manières, ce sont eux qui doivent trouver une solution à leur problème. Les noirs ne traiteront jamais les blancs de cette façon, et pour n’importe quelle raison. L’histoire le dit.
Lilian Thuram le dit clairement, les joueurs et coachs de la Serie A n’en font pas assez pour dénoncer les dérapages racistes des supporters. Des propos qui sont d’ailleurs toujours autant d’actualité et pas seulement du côté de l’Italie…