Une star des Bleus de France 1998 avoue sans filtre : « Pour eux, j’étais le maillon faible »

Aimé Jacquet évoque la Coupe du Monde 1998 et le match face aux Africains du Sud
FFF (DR)

Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web

Si l’équipe de France est montée sur le toit du monde pour la toute première fois en 1998 grâce à la force de son groupe, tout n’a pas toujours été de tout repos en interne. Un joueur en particulier a livré ses états d’âme, encore meurtri par le fait d’avoir été considéré le maillon faible par la presse et certains coéquipiers…

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Pour Frank Leboeuf, la Coupe du Monde 1998 n’a pas été de tout repos. Remplaçant derrière l’intouchable charnière centrale formée par Laurent Blanc et Marcel Desailly, le Marseillais a « profité » du carton rouge pris par le « Président » en demi-finale pour lui piquer sa place. Et sa réaction face à la presse (« ma joie prime sur sa peine ») ne lui a pas valu que des amis dans l’effectif.

Les états d’âmes de Frank Leboeuf sur France 1998

Au matin de la finale, Didier Deschamps avait même collé une photo de Leboeuf discutant avec Slaven Bilic, à l’origine de l’exclusion de Blanc, à la cantine. Certains joueurs estimaient également que « Franky » ne tiendrait pas le choc face à Ronaldo, ce qu’il n’a jamais digéré :

Ce jour-là, nous avons touché le Graal et réussi quelque chose d’impensable. Sur un plan personnel, il y a quelque chose que je n’oublierai jamais : le doute autour de ma prestation.

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Pour pas mal de gens, sous prétexte que Laurent Blanc avait été expulsé contre la Croatie en demi-finale et que je le remplaçais, j’étais le maillon faible. C’est gravé en moi. Si on avait perdu, je sais que j’aurais été le coupable idéal. Ce regard porté sur moi à ce moment-là, il est gravé dans ma tête. Sachez aussi que je n’avais pas fait une fixation sur Ronaldo. Je savais que si ce n’était pas lui en face de moi, j’allais me coltiner Rivaldo ou Bebeto.



Cette situation qui aurait pu être délicate à gérer pour Jacquet ne l’a en fait pas été. Comme très souvent, le groupe s’est lui-même pris en main en bonne intelligence à la moindre tension. Leboeuf explique ainsi :

En 1998-2000, on n’avait pas ce problème-là. Blanc, Zidane, Djorkaeff, Desailly, Thuram, Liza, on était tous des monstres dans nos clubs respectifs. Le problème d’Aimé Jacquet, c’était de régler les ego et les personnalités mais comme on s’adorait, ça se faisait très bien dans le vestiaire.

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Auteur d’une finale réussie, Leboeuf a fait taire toutes les critiques, et a accompli le rêve de toute une vie. Un moment qui reste particulièrement touchant à ses yeux :

Je me souviens de ma première intervention du match. C’était au bout de trente secondes et je me suis retrouvé face à Rivaldo. Là, c’était clair, je pouvais laisser passer le ballon mais pas le bonhomme ! J’ai donc été sec et l’arbitre a sifflé une faute. Mais cela m’a permis de montrer que j’étais bien dans mon match.

Après la rencontre, je n’ai pas réalisé que j’avais été le premier à embrasser la coupe, juste après la remise de notre médaille. J’ai pensé à mes idoles, Platini et Cruyff, qui n’avaient jamais remporté ce trophée. Et moi, j’étais là et j’avais réussi. C’était un sentiment impalpable. En bas du trophée, il y a aussi le nom des anciens vainqueurs. J’ai lu 1974 : Allemagne et je me suis souvenu que cette victoire allemande était mon premier souvenir de foot. C’était immense. Je venais de vivre mon rêve d’enfance.

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Frank Leboeuf a beau « ne jamais avoir pardonné » à Aimé Jacquet de ne pas lui avoir adressé un mot durant la période délicate entre la demi-finale et la finale, les souvenirs sont ailleurs : il s’agit aujourd’hui surtout de célébrer un incroyable accomplissement, réussi par un joueur en qui, c’est vrai, nombreux ne croyaient pas.

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