Par Guillaume Kagni | Journaliste sportif
Tous les coéquipiers ne deviennent pas amis dans un vestiaire de football, surtout dans les grands clubs où la concurrence est rude. Mais à Madrid, Zinédine Zidane et Claude Makélélé ont développé un lien fort et familial.
Claude Makélélé a évolué avec beaucoup de grands joueurs au cours de sa carrière, peut-être parce qu’il en était lui-même un. Dans un rôle pas toujours glamour, il savait mieux que personne comment récupérer les ballons et les donner aux joueurs créatifs, dont David Beckham, qu’il a vu arriver sur la pointe des pieds dans le vestiaire du Real Madrid :
Les joueurs nouveaux ne savaient pas où se mettre. C’était un vestiaire difficile à intégrer. Ça nous faisait rire. Quand David Beckham est arrivé, je me souviens, il était dans un coin et ne parlait pas, il ne savait pas comment s’exprimer. C’est vrai qu’avec la barrière de la langue il était perdu. Mais il s’en est sorti, et comme je dis souvent, il faut féliciter les grands joueurs. Ils se remettent toujours en question.
Claude Makélélé par de son amitié avec les Zidane
Si la relation humaine n’était pas forcément simple avec tout le monde au Real Madrid, entre les égos et les différentes langues parlées dans le vestiaire, le milieu de terrain n’a jamais eu de souci avec Zinédine Zidane. D’ailleurs, dans cette même interview accordée à Free Football, Makélélé a dévoilé les dessous de cette belle et profonde amitié :
Avec Zizou il y a eu un lien très personnel. C’était moi et lui. Et puis nos pères se côtoyaient aussi beaucoup, ils discutaient énormément de la vie. Il y a vraiment eu quelque chose qui s’est créé. Et sur le terrain c’était naturel. Je l’appréciais parce qu’il avait du talent, et je sais qu’il reconnaissait mon talent. À partir du moment où deux talents se rencontrent et s’entendent, la mayonnaise prend.
Zinédine Zidane c’était le joueur fantasque et fantastique, celui qui faisait se lever les foules avec ses contrôles orientés, ses passes que personne d’autre ne voyait et ses dribbles qui faisaient perdre la tête aux défenseurs. Claude Makélélé, c’était le travailleur de l’ombre qui se démultipliait pour colmater toutes les brèches de son équipe.
Les deux talents étaient bien différents dans leur expression sur le terrain, mais chaque membre du binôme tricolore reconnaissait aisément les qualités de l’autre. Selon le milieu défensif, c’est d’ailleurs ce qui explique leur entente sur le terrain et dans la vie. Leurs pères étaient aussi très proches, l’alchimie était familiale.
On dit souvent que le football est le plus individualiste des sports collectifs. Mais même dans les grands vestiaires, de vraies connexions humaines peuvent se créer. Les familles Zidane et Makélélé étaient faites pour s’entendre.