Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Personnalité atypique et libre dans un monde du football de plus en plus formaté, Vikash Dhorasoo est conscient qu’il ne s’est pas fait que des amis dans ce métier. Pour le natif d’Harfleur, les leçons ont d’ailleurs été nombreuses, dont la plus marquante d’entre toutes : une mise à l’écart de l’équipe de France de 5 ans entre 1999 et 2004…
L’équipe de France est le rêve de tout jeune tricolore qui fait ses gammes. Mais pour Vikash Dhorasoo, ce rêve a rapidement tourné au cauchemar. Après avoir été révélé du côté du Havre, son club natal, le joueur est passé dans une autre dimension en rejoignant Lyon en 1998, et en s’y imposant. Bilan : une première convocation en bleu en 1999, face à l’Ukraine.
À peine le temps d’une autre sélection contre Andorre 3 mois plus tard, et Dhorasoo disparaît des radars pour 5 ans ! Comment expliquer un tel revirement de situation, alors qu’il cartonnait en parallèle à l’OL ? La réponse tient en un épisode d’une demi-seconde, mais qui a tout fait basculer.
Vikash Dhorasoo puni pour avoir froissé Didier Deschamps
Dans une tribune pour « Le Monde » en 2012, le milieu de terrain était en effet revenu sur ce qui avait précipité cette mise à l’écart de plusieurs années :
Un jour, on m’a appelé en équipe de France : le môme en moi s’est réveillé. Là, c’était plus du boulot, j’étais en route vers la Coupe du monde. Au premier entraînement, j’ai fait un petit pont au capitaine (Didier Deschamps, ndlr). Tout le monde a vraiment apprécié. Au point de ne pas me rappeler en équipe de France pendant cinq ans…
Une leçon inoubliable. J’ai compris que mon petit pont n’était pas vraiment prévu au programme. Que j’avais été formé à être un mercenaire efficace, résistant, mobile et corvéable. Surtout prévisible et donc remplaçable.
Pris en grippe après son geste sur Didier Deschamps, par Marcel Desailly notamment, Dhorasoo n’a plus jamais été rappelé par Roger Lemerre.
Suite au départ de ce dernier en 2002, c’est Jacques Santini qui a repris les rênes de la sélection. Le problème ? Le coach avait quitté Dhorasoo en mauvais termes à Lyon, et c’est sans aucune surprise que sa mise au ban s’est poursuivie. Il a finalement fallu attendre la fin 2004, avec la retraite de certains cadres de l’ancienne génération, et l’arrivée de Raymond Domenech, pour revoir l’ex-Milanais en bleu.
Membre sporadique et discret du groupe, Dhorasoo n’a que très peu joué durant la Coupe du Monde 2006, qui aurait tout de même pu lui permettre d’entrer dans l’histoire. À la place, il a surtout fait parler de lui pour son documentaire « Substitute », fait à partir d’images qu’il a filmées durant toute la compétition.
Sans le savoir, Vikash Dhorasoo a signé son arrêt de mort avec un simple petit pont sur Didier Deschamps, alors intouchable dans le groupe France. Une leçon que l’ancien lyonnais semble avoir eu bien du mal à digérer, et qui illustre selon lui bien ce football dans lequel il ne s’est finalement jamais reconnu.