Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Considéré par les observateurs comme le meilleur joueur de la Coupe du Monde 2006, Zinédine Zidane n’avait pas eu droit aux mêmes égards en 1998. Il faut dire que celui qui jouait alors à la Juventus de Turin avait livré un tournoi globalement décevant, et c’est carrément l’un de ses coéquipiers qui ne s’est pas gêné pour le dire…
Son visage a été projeté sur l’Arc de Triomphe, son nom a été scandé sur les Champs-Elysées, et il est devenu ce soir-là une icône incontestable. Avec son doublé de la tête face au Brésil en finale du Mondial 1998, Zinédine Zidane a accédé à l’immortalité, faisant par la même occasion oublier que jusque-là, son tournoi était insuffisant.
Pour Pirès, Djorkaeff a été meilleur que Zidane
Expulsé dès la phase de poules pour un vilain geste sur un Saoudien, Zizou n’a été décisif qu’à une seule reprise avant la finale. Un niveau en dents de scie qui n’avait pas échappé à ses partenaires, à commencer par Robert Pirès. De passage chez Kampo, l’ex-Gunner a d’ailleurs été honnête sur le sujet, rendant à Youri Djorkaeff ce qui lui appartient :
Collectivement, et défensivement, on était forts. Pour moi, Youri (Djorkaeff) a été très bon, oui, Zizou non. Non. Je suis désolé Zizou, mais non (rires). C’est vrai en plus. Zizou est arrivé pour… Dieu a dit : « Tu vas venir là, juste pour la finale » (rires), et c’est parti de là.
Après, on ne peut pas discuter des qualités, mais ce que je veux dire c’est que sur cette Coupe du Monde 98, l’homme fort offensivement, c’était Youri. Je parle dans le jeu.
S’il n’a pas été le héros de la finale, Djorkaeff l’a bien digéré, tout heureux de sa contribution majeure à ce succès historique. Au micro de la FFF, il s’était d’ailleurs souvenu avec émotion :
Quand l’arbitre siffle, c’est la délivrance. Je me souvenais de la joie des vainqueurs passés, de tous ces joueurs qui ont alors un visage différent, qui exprime une émotion unique. Quelque chose d’inhumain, d’une certaine façon, et qui n’arrive qu’une fois dans ta vie. Alors, oui, je pense alors à Pelé, à Maradona, à d’autres, et je me dis que je fais désormais partie d’un cercle très fermé, une élite du football.
On sait que nous sommes les premiers Français à y parvenir et à entrer à jamais dans l’Histoire. On veut rester sur le terrain le plus longtemps possible car on mesure que c’est la fin d’une aventure magnifique.
Dire que Zinédine Zidane a sauvé sa Coupe du Monde en inscrivant son fameux doublé en finale est un peu fort, certes, mais pas forcément éloigné de la réalité non plus. Bien plus constant, Youri Djorkaeff a lui été passeur décisif à la fois en demi-finale et en finale, apportant sa pierre à l’édifice de ce triomphe pour l’éternité.