Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
De nombreux joueurs pratiquent le jeûne du ramadan, et l’équipe de France n’y fait pas exception. À la tête des Bleus depuis plus de 10 ans maintenant, Didier Deschamps s’est plusieurs fois exprimé sur le sujet – et son avis semble refléter une évolution aussi impulsée du côté de la Fédération. Explications.
Un « cadre de neutralité ». C’est par ces termes que Philippe Diallo, président de la Fédération Française de Football, a choisi d’évoquer les règles fixées au sujet du ramadan en 2024. Tandis que les sélections de jeunes comptent plus de joueurs musulmans que jamais auparavant, la FFF a souhaité serrer la vis, comme expliqué par le média « 20 Minutes » :
Concrètement, les internationaux de confession musulmane sont priés de reporter leurs jours de jeûne en dehors des stages avec les Bleus, de la sélection U16 aux A. La FFF ne modifie pas les horaires de séances, des rencontres et des collations, donc c’est aux joueurs musulmans de s’adapter à ces règles de rassemblements internationaux.
L’avis de Didier Deschamps sur la gestion du ramadan
Ce virage plutôt strict en avait surpris plus d’un, surtout quand on sait que Didier Deschamps a longtemps tenu un discours différent. Interrogé par RTL en 2014, « DD » avait en effet prôné une tolérance maximale concernant le jeûne :
Ce sont des sujets sensibles et délicats. Je n’ai rien à ordonner. On respecte la religion de tout le monde. Les joueurs ont l’habitude, ce n’est pas aujourd’hui que l’on découvre la situation. Je n’ai aucune inquiétude et chacun s’adaptera à la situation.
Même son de cloche en 2016, alors que le mois sacré des musulmans tombait autour de la période de l’Euro. Au micro du « Parisien », le sélectionneur s’était montré toujours serein à ce sujet… même s’il avait cette fois-ci rappelé l’existence d’un cadre identique à tous :
Les joueurs de haut niveau ont la possibilité de le décaler. La religion n’est pas un sujet tabou, mais c’est l’univers personnel. À partir du moment où il y a une vie collective, le cadre est le même pour tous. Chacun doit trouver son domaine de liberté. Ça peut amener des discussions, plutôt individuelles que collectives, mais ça n’a jamais été un problème, et ça ne le sera jamais.
Il semblerait pourtant que la question soit devenue un problème au regard des polémiques des derniers mois. C’est dans ce contexte tendu que se profile le rassemblement du mois de mars, qui verra la France affronter la Croatie en Ligue des Nations. Le ramadan sera toujours en cours, et il reste à savoir comment la situation sera traitée avec les joueurs concernés.
Si Didier Deschamps a longtemps prôné la responsabilité individuelle et le dialogue dans le respect de chacun, le sujet religieux semble devenir de plus en plus épineux et pesant au sein de la FFF. Espérons que le dialogue permette de trouver les meilleures solutions, à l’heure où le fossé entre les joueurs concernés et les instances semble n’avoir jamais été aussi grand.