Par Joël Pütz | Journaliste sportif
Sélectionneur de l’Équipe de France féminine entre 2007 et 2013, Bruno Bini lui a notamment permis à la première demi-finale en Coupe du Monde de son histoire. Mais ses méthodes au sein de la sélection tricolore étaient pour le moins étranges, l’ancienne joueuse Sonia Bompastor se livrant sans filtre dans son autobiographie.
Plus les jours passent, et plus Sonia Bompastor s’impose en véritable briseuse de tabou du football français. Il y a quelques semaines, l’ancienne joueuse lyonnaise dévoilait ainsi à l’Équipe qu’elle était en couple avec Camille Abily, son adjointe à Chelsea. Alors que l’homosexualité demeure un sujet sensible dans le monde du sport, les deux femmes ont pris leur courage à deux mains et on ne peut que les en féliciter.
Par ailleurs, Bompastor a également profité de son autobiographie pour se dévoiler sur son parcours sportif, et plus particulièrement chez les Bleues. Ayant notamment évolué sous les ordres du sélectionneur Bruno Bini, l’octuple championne de France lui a d’ailleurs dédié un chapitre tout entier où il y détaille ses méthodes pour gérer ses joueuses… et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elles sont assez peu orthodoxes.
Sonia Bompastor raconte les méthodes lunaires de Bruno Bini
Pendant les rassemblements, on devait chanter des chansons. Dans une salle, nous étions assises sur des chaises face à un écran, en configuration causerie de préparation de match. Il lançait la musique et on y allait toutes ensemble. On sentaient bien que celles qui ne chantaient pas étaient mal vues.
Outre la chanson, le tacticien versait apparemment aussi dans le théâtre :
Une autre fois, il mettait en scène deux personnages fictifs dans sa prise de parole. (…) Il me faisait l’impression d’un gourou dans sa secte. C’était compliqué pour moi, je ne m’y trouvais pas. Je n’allais pas chez les Bleues pour chanter, lire des fables ou des textes de Paulo Coelho. C’était une époque lunaire, on nageait en plein délire.
Effectivement, difficile de se dire qu’on assiste là à une réunion sur le ballon rond, Bompastor déplorant d’ailleurs que ce sujet pourtant évident soit aux abonnés absents. Mais ce qui la dérangeait le plus et à juste titre, c’était la proximité un peu trop poussée de Bini avec ses joueuses, au point de leur faire des cadeaux assez déplacés :
Un jour, alors que je sortais de ma chambre, j’ai vu Bruno dans le couloir, il était face à la porte ouverte d’une autre joueuse. Ils étaient en pleine discussion. Quand je suis passée à leur hauteur, j’ai vu ma coéquipière en soutien-gorge, pas en brassière, en train d’échanger à la cool avec son sélectionneur. A certaines joueuses, ses favorites, il offrait des strings en guise de cadeau d’anniversaire devant tout le groupe.
Bruno Bini a souvent été salué par les membres de l’Équipe de France féminine pendant son mandat, mais Sonia Bompastor garde quelques souvenirs perturbants de sa collaboration avec le coach. Et à vrai dire, on n’a aucun mal à comprendre pourquoi.