Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Avec un maigre bilan d’aucun but et une seule passe décisive durant toute la Coupe du Monde jusqu’à la finale, Zinédine Zidane savait qu’il n’avait pas performé à la hauteur des attentes. C’est à ce moment-là, juste avant d’affronter Ronaldo et consorts, qu’Aimé Jacquet a surgi du bois pour adresser quelques mots à son numéro 10. Le reste appartient à l’histoire.
S’il est devenu le héros de tout un peuple en marquant un doublé en finale de la Coupe du Monde 1998, Zinédine Zidane sait bien que son tournoi, dans l’ensemble, n’était pas à la hauteur des attentes. Expulsé lors de la phase de poules, le Français n’a jamais trouvé le chemin des filets, et n’a signé qu’une passe décisive jusqu’à la rencontre face au Brésil.
Les critiques ont évidemment commencé à s’abattre sur Zizou, mais fidèle à lui-même, Aimé Jacquet n’a pas dévié de sa trajectoire. C’est lui qui, deux ans plus tôt, avait convoqué Zidane et Youri Djorkaeff pour leur indiquer qu’il leur confiait les clés du jeu offensif des Bleus, et il n’allait surtout pas changer d’avis. Mieux, par ses mots, il a remis le Marseillais sur le droit chemin.
Les petits mots d’Aimé Jacquet à Zizou avant la finale
Dans une interview accordée à L’Équipe à l’occasion des 20 ans du sacre, le Ballon d’Or 1998 est revenu sur le soutien qu’il a reçu de Jacquet, mais aussi de Laurent Blanc :
On me l’avait fait savoir, que je n’avais pas été décisif ! (rires) Parler avec Aimé Jacquet avant la finale m’a beaucoup aidé, il m’a retiré de la pression. Il me répétait : « T’as pas marqué, mais ce n’est pas grave. »
Je me souviens aussi de Lolo (Blanc) venant dans ma chambre pour me dire : « Si tu as bien un match à choisir, c’est celui-là ! » Je m’étais aussi remémoré le match d’inauguration du Stade de France, qu’on avait disputé contre l’Espagne plusieurs mois avant. L’Espagne était invaincue depuis quatre ans, mais on l’avait battue 1-0 et j’avais marqué. Et là, non seulement je marque le premier but, mais je mets un doublé avant la mi-temps.
Ce doublé historique n’est pas le fruit du hasard : là encore, Jacquet avait senti le coup, et il en avait informé Zidane, comme dans une prophétie. Le milieu de terrain se souvient :
Les jours avant la finale, Aimé Jacquet a mis l’accent sur les corners : « Zizou, je sais que le jeu de tête n’est pas obligatoirement ton point fort mais ce Brésilien il fait 1,70 m (Roberto Carlos, 1,68 m, ndlr), celui-là, à peine plus (Leonardo, 1,75 m, ndlr). Donc je te garantis que si tu y vas avec conviction tu peux faire quelque chose. » Et ça s’est passé comme ça. Manu Petit tire le premier corner de la droite, Youri Djorkaeff le deuxième de la gauche, et je me suis retrouvé à chaque fois seul ou avec l’avantage de la taille.
Je suis devenu le joueur qui a marqué l’histoire du football français. C’est vrai, il faut se le dire. Les gens ont changé avec moi, leur regard, je le ressentais à chaque fois que je croisais quelqu’un. C’était vraiment beau…
Respecté de l’ensemble de ses joueurs, Aimé Jacquet était un guide parfait pour cet effectif de France 1998. Il l’a prouvé tout au long du tournoi, notamment en remettant Zinédine Zidane sur les rails et en le portant vers le plus beau jour de sa carrière. Un exemple, parmi tant d’autres, de la grandeur de l’ancien sélectionneur.