Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Si le grand public connait l’existence des quatre fils de Zinédine Zidane, rares sont ceux qui sont capables de disserter longuement sur la carrière professionnelle des progénitures du Ballon d’Or 1998. Une situation difficile à gérer ? En tout cas, Luca, 26 ans, s’est clairement positionné sur les différences entre Espagne et France, avec une préférence assez évidente.
Les enfants de footballeurs naissent et grandissent au gré des transferts de leur papa, et les Zidane n’y font pas exception. Né en 1998, Luca a donc passé les trois premières années de sa vie à Turin, avant de rejoindre l’Espagne en 2001, à l’âge de 3 ans, pour ne plus jamais la quitter. Deux décennies plus tard, l’actuel gardien du Grenade FC s’est ainsi livré sur son rapport à la France.
Luca Zidane sans filtre sur son rapport à la France
Dans un entretien pour L’Équipe, celui qui est passé par le Real Madrid entre 2004 et 2020 a évoqué la différence de perception dont lui et ses frères faisaient l’objet des deux côtés de la frontière. Et à l’évidence, c’est en Espagne qu’il se sent le plus à l’aise :
En France, ils ne nous connaissent pas, ou très peu, comme joueurs. On nous voit encore comme des Zidane. Enzo en a fait l’expérience à Rodez (L2, 2021-2022). En Espagne, on nous connaît plus en tant que joueurs. Moi, ça fait quatre, cinq ans que j’ai fait mon trou en D2. Théo prend de plus en plus d’épaisseur. En équipes de France de jeunes, ou même quand on était à Madrid, c’était plus les « fils de ». En partant, on a acquis plus de liberté.
Si j’en ai souffert ? Non. C’est normal quelque part. Les gens peuvent vite avoir des préjugés. En France, très peu de monde regarde la D2 espagnole, comme les Espagnols ne regardent pas la France. Mais on veut jouer en Première Division, que ce soit en Espagne, en France, en Italie ou en Angleterre. C’est notre volonté. On est ambitieux, compétiteurs et travailleurs. Moi, la Ligue 1 m’intéresse, même si mon objectif est de remonter avec Grenade. La mentalité française est… différente. C’est compliqué à expliquer.
Des propos secondés et explicités par Théo Zidane, frère de Lucas, qui joue de son côté au poste de milieu de terrain à Cordoue :
Théo : « En France, c’est beaucoup plus individualiste qu’en Espagne, où on est beaucoup plus collectifs partout, plus ouverts les uns aux autres. Il existe plus un sentiment d’équipe. Ça se ressent aussi sur le terrain. Par exemple, les ailiers français vont chercher le duel, le un-contre-un. En Espagne, on cherche la solution dans le collectif. Nous, en équipe de France de jeunes, on a dû plus s’adapter. Mais c’est bien d’avoir connu ça. Je me suis aussi aperçu en venant en France qu’il fallait que je travaille mon physique, que les joueurs français étaient plus costauds ».
Luca : « En jeunes, en France, c’était plus chacun pour soi. J’ai le souvenir de Jonathan Ikoné. Il était exceptionnel à son âge. Il n’avait pas besoin des autres. Il allait en un-contre-un et faisait souvent la différence. En Espagne, c’est plus solidaire ».
Contrairement à leur père qui a grandi en France et qui ne l’a quitté qu’une fois adulte, Théo et Luca Zidane ne cachent pas une certaine distance vis-à-vis de ce pays, eux qui sont surtout imprégnés de la mentalité espagnole. La situation semble en tout cas convenir aux frangins qui, désormais, ont à coeur de continuer à se faire un prénom.