Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
S’il a surtout fait parler de lui en France et en Italie, avant de finir sa carrière aux Etats-Unis comme il l’avait toujours envisagé, Youri Djorkaeff s’est aussi signalé par un passage en Allemagne entre 1999 et 2002. L’occasion pour lui de découvrir la population allemande, avec quelques enseignements qu’il a rapidement tirés à leur sujet.
Sacré en 1998 avec l’équipe de France, Youri Djorkaeff brillait alors aussi en club du côté de l’Inter Milan. Il y côtoyait certains des plus grands joueurs du monde, dont Ronaldo, avec qui il s’entendait particulièrement bien. Mais l’imprévisible natif de Lyon a choisi en 1999 de s’expatrier en Allemagne, comme Bixente Lizarazu deux ans avant lui.
Du côté de Kaiserslautern, club retombé dans un relatif anonymat depuis, Djorkaeff n’a certes pas gagné de trophées, mais il a marqué le supporters par son flair sur le terrain et sa personnalité en dehors. Mais qu’a-t-il pensé, lui, de ce passage pendant trois années en Allemagne ? Plutôt du bien, et c’est assez clair.
Youri Djorkaeff casse les stéréotypes sur l’Allemagne
Dans un entretien accordé au « Parisien » quelques mois après son arrivée au club, Djorkaeff avait en effet indiqué que toutes ses idées reçues s’étaient envolées au contact des Allemands :
L’image de l’Allemagne est très négative pour un Français. Je m’attendais à de la violence, mais il n’y a pas de hooliganisme. Au contraire, c’est très bon enfant, très coloré dans les stades où l’on joue l’après-midi. Concernant le championnat, il est très engagé, mais aussi très dur au niveau de l’arbitrage. Ici, on ne discute pas, sinon, c’est carton rouge. On sent le respect.
Toujours très concis et honnête dans ses analyses, le « Snake » a ensuite ajouté, visiblement sous le charme :
Les Allemands ne sont pas fantaisistes dans l’âme, mais ils sont tellement en mouvement que cela crée quelque chose. Pour se faire plaisir, c’est certainement le championnat le plus intéressant.
Pour autant, le fils de « Tchouki » n’en a pas perdu son sens du chambrage. Alors que la France roulait sur le football mondial dans le sillage d’un doublé Mondial 98 – Euro 2000, l’acolyte de Zinédine Zidane au milieu de terrain, enfant du drame de Séville en 1982, savourait :
Avant, l’Allemagne gagnait tout. Aujourd’hui, c’est la France… Complètement. D’ailleurs, je les ai chambrés sur le but à la dernière seconde du quart de finale du Mondial de handball France-Allemagne. Il y a dix ans, cela aurait été le contraire. On a inversé le processus !
Depuis 1998, le Brésil nous regarde différemment, les Italiens nous haïssent, les Anglais se la ferment… Ça fait plaisir ! Nous avons réussi à donner une image d’une France qui gagne. Mais, sans Séville, il n’y aurait rien eu. Simplement, nous nous sommes dit : « Plus jamais ça ! »
En seulement 3 ans outre-Rhin, Youri Djorkaeff s’est construit une expérience enrichissante qui reste chère à son coeur aujourd’hui. Et bien évidemment, le fait de passer en Allemagne alors que l’équipe de France raflait tout, et que le Mannschaft était en délicatesse, n’a pas été pour déplaire au « Snake »… Et on le comprend !