Par Joël Pütz | Journaliste sportif
Légende absolue du basket-ball, Wilt Chamberlain a roulé sur une grande partie de la NBA durant sa carrière. Mais sa fierté lui a parfois joué des tours, le pivot ne pouvant se résoudre à adopter un geste précis… alors qu’il aurait comblé son plus grand défaut.
Quand on voit tous les records tombés en NBA ces dernières années, on se dit que certaines performances iconiques des décennies précédentes seront bientôt oubliées de tous. D’autres devraient cependant rester à l’abri pendant un moment et pour cause : elles furent l’oeuvre de Wilt Chamberlain… et cela suffit à les rendre intouchables.
Pour rappel, on parle d’un homme capable de mettre 100 points en un match ou encore de lâcher une saison complète à plus de 48 minutes de moyenne sur le terrain. Le premier record reste pratiquement impossible même dans l’ère actuelle où le jeu va pourtant à toute allure, le second est carrément inimaginable depuis l’avènement du load management. The Stilt devrait donc être tranquille pendant un bon moment.
Encore aujourd’hui, plus de 50 ans après sa retraite, le regretté pivot demeure l’une des figures les plus formidables de l’histoire de la NBA, peut-être son joueur le plus dominant physiquement. Sous le cercle, seul son rival Bill Russell pouvait lui faire face durant son prime. Le seul moyen de le mettre en galère ? L’envoyer aux lancers-francs.
L’aversion de Wilt Chamberlain pour le lancer à la cuillère
En effet, Wilt n’était pas du tout un spécialiste en la matière avec seulement 51% de réussite en carrière. Excepté durant sa légendaire saison 1961-62 qu’il terminera avec plus de 50 (!) points par match, tout en tournant à plus de 61% depuis la ligne, son record en carrière. Fait intéressant, il avait adopté le lancer à la cuillère rendu célèbre par Rick Barry, que ce dernier considérait autrefois comme étant réservé aux femmes.
Pourtant, le Hall of Famer laissera tomber cette pratique dès la campagne suivante, revenant à sa mécanique habituelle. Dans son autobiographie, il s’était confié cash :
Je me suis senti idiot, j’avais l’impression de passer pour une poule mouillée en tirant à la cuillère. Je sais que j’avais tort, je sais que certains des meilleurs tireurs de lancers francs de l’histoire ont tiré de cette façon. Mais je n’y arrivais pas.
Décidément, les joueurs NBA et leur petite fierté… Comme un symbole, Shaquille O’Neal tiendra le même discours des décennies plus tard, alors qu’il s’était imposé comme un big man tout aussi destructeur physiquement que Wilt en ayant les mêmes lacunes :
Je préférerais tirer à 0% de réussite plutôt que de tirer à la cuillère.
Wilt Chamberlain a toujours été raillé pour sa grande faiblesse aux lancers francs, jusqu’à ce qu’il se mette à utiliser la technique « à la cuillère ». Mais son égo n’appréciant pas de recourir à une telle méthode, le colosse avait fini par abandonner…