Avant la finale 1998, le clash impliquant 4 joueurs des Bleus : « À la cantine, Deschamps et Desailly…

Marcel Desailly et Didier Deschamps
beIN Sports (DR)

Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web

Qui dit compétition internationale dit forcément moments chauds ici et là dans la vie de groupe. Pour l’équipe de France 1998, l’un des épisodes marquants s’est notamment déroulé autour de Frank Leboeuf entre la demi-finale contre la Croatie et la finale face au Brésil. Et ce sont Didier Deschamps et Marcel Desailly qui ont lancé les hostilités…

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Si France 1998 est avant tout une formidable aventure, qui liera à tout jamais les 23 joueurs de l’effectif tricolore, des polémiques et tensions n’ont pas manqué de survenir durant les 2 mois de vie commune. Et ce fut notamment le cas au moment le plus important, juste avant la finale contre le Brésil. Dans le collimateur du vestiaire ? Un certain Frank Leboeuf.

Les tensions fortes autour de Frank Leboeuf après la demi-finale

Depuis le début du Mondial, Aimé Jacquet s’était appuyé sur un quatuor défensif devenu légendaire : Lilian Thuram, Laurent Blanc, Marcel Desailly, Bixente Lizarazu. Alignés ensemble 28 fois en carrière, les 4 hommes n’ont d’ailleurs jamais perdu un match. Seulement voilà : lors de la demi-finale face à la Croatie, Blanc écope d’un carton rouge. Et Leboeuf, compétiteur, ne réagit pas forcément de la façon la plus diplomate devant la presse :

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Je suis évidemment désolé pour Laurent, mais le sujet est terminé. Ma joie prime sur sa peine. C’est comme ça : un coup tu es très déçu, et l’autre très heureux. Notre vie est faite d’instants qui se succèdent.

Pour ne rien arranger, Leboeuf est repéré par ses coéquipiers en train de tomber dans les bras de Slaven Bilic, celui qui, en amplifiant clairement le geste de Blanc, a contribué à son exclusion. Didier Deschamps et Marcel Desailly n’apprécient pas du tout, et ils le font savoir de manière glaciale. Leboeuf se souvient :



Je connaissais Bilic. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé. Le match se termine. Je me retourne. Bilic est là, il me prend dans ses bras, il me dit bonne chance pour la finale. Le lendemain, Didier Deschamps et Marcel Desailly ont placardé cette photo-là à la cantine de Clairefontaine. Je n’ai pas apprécié. J’ai dit que c’était scandaleux.

Tancé en interne, Leboeuf l’est également dans la presse : tout le monde estime en effet qu’il sera délicat de battre le Brésil sans Blanc, ce que l’ex-joueur de Chelsea a mal vécu. Avec du recul, il a ainsi vidé son sac, égratignant Aimé Jacquet au passage :

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J’ai le souvenir de ma propre expérience en finale de Coupe du Monde. Je n’aurais pas dû être là ce jour-là. C’était un match très difficile pour moi. Tu allumais la télé, tu regardais les journaux, les magazines, c’était : « Comment on peut faire pour gagner sans Laurent Blanc ? » Tu te sens légèrement comme une merde. Aimé Jacquet ne m’a pas parlé pendant trois jours. Je ne sais pas pourquoi. Je n’ai jamais eu d’explication. Je lui en ai voulu.

Finalement, Leboeuf a tenu son rôle à merveille, épaulé par les siens. Dans les colonnes de L’Équipe, Desailly avait ainsi expliqué :

Médiatiquement, tout le monde s’était concentré sur le fait que Laurent ne serait pas là, et on en avait oublié d’être rassurés par le fait que Frank avait les qualités pour le remplacer. On savait qu’il pouvait prendre n’importe quelle info, qu’il s’en nourrirait. On lui a tout donné, en sachant qu’il nous le rendrait en retour. Il est allé chercher sa place le temps de la finale, il a sa part de gloire dans notre succès. Il était l’un des nôtres.

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Les différents joueurs de cette équipe de France 1998 ne l’ont jamais nié : il y a eu des tensions et des problèmes à régler au sein du groupe, certes. Mais tous sont unanimes pour dire que les discussions franches et entières étaient la manière de régler les soucis, sans jamais oublier que rien n’était plus beau et plus grand que l’équipe. Une mentalité parfaite, qui a abouti à un trophée pour l’éternité.

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