Par Joël Pütz | Journaliste sportif
Cela fait maintenant quelques années que le concours de dunks n’est plus la promesse systématique d’un spectacle inoubliable. Or, Michael Jordan expliquait par le passé que cette triste déchéance était due à la participation d’un joueur bien précis.
Heureusement que Mac McClung est là pour sauver les meubles… C’est ce que doit se dire la NBA depuis maintenant trois ans. Auteur d’un triplé historique ce week-end à San Francisco, le voltigeur règne en maître sur le concours de dunks. Ce qui est toutefois un peu humiliant pour Adam Silver et co. étant donné que l’intéressé ne joue même pas dans la grande ligue, mais en G-League.
Stephon Castle s’est bien battu cette année, mais les éditions précédentes ont souvent été sources de déception. Le duel entre Zach LaVine et Aaron Gordon en 2016 avait ravivé les espoirs des fans, mais ils ont été anéantis depuis. L’absence de superstars spécialistes des envolées spectaculaires, comme LeBron James, Ja Morant ou encore Zion Williamson pour ne citer qu’eux est d’ailleurs citée comme le principal problème.
Cela étant dit, tous ne partagent pas cet avis, à l’image de Michael Jordan. Ce dernier a gagné le Slam Dunk Contest à deux reprises, après des duels mythiques avec Dominique Wilkins. En 2013 déjà, alors que le concours commençait sérieusement à battre de l’aile, His Airness avait donné son avis sur ce qui posait souci… et c’est plutôt intéressant.
Le concours de dunks, plus un show qu’une démonstration athlétique ?
Je pense que cela a beaucoup à voir avec tous les dunks réalisés sans le ballon. Il n’y a plus que des rebonds, ce n’est pas la même forme d’art avec le ballon. Vous savez, à l’époque où un concours de dunk était un concours de dunk – avec moi, Dominique, vous savez, tous ceux-là – tout était dans nos mains. Vous savez, soit en agitant le ballon, soit en étant penché en avant ou vers l’arrière, soit en décollant de la ligne des lancers francs.
Il ne s’agit pas de lancer la balle contre la planche ou de la lancer en l’air, et… c’est Spud (Webb, vainqueur du SDC en 1986) qui a fait ça. Spud a commencé tout ça, mais il devait le faire parce qu’il mesure 1m70. Maintenant, tout le monde fait rebondir le ballon et saute par-dessus les chaises, c’est n’importe quoi.
Pour MJ, le problème était donc surtout que le concours ne se résumait plus qu’à une litanie de grigris, les prouesses athlétiques passant au second plan. Il se montrait d’ailleurs particulièrement cinglant envers le dunk « à l’aveugle » de Cedric Ceballos en 1992, détruisant la légende autour de ce qui semblait être une énorme prouesse :
Dunker en fermant les yeux… Je veux dire, vous savez très bien que Ceballos devait voir où il allait. Il n’y a aucune chance qu’il puisse courir tout droit, sauter et dunker un ballon de basket. Il devait voir… il devait voir où il allait. Sinon, il était stupide d’essayer.
Pour Michael Jordan, le Slam Dunk Contest devrait surtout mettre la puissance et les qualités athlétiques à l’épreuve. S’inspirant de certains comme Spud Webb, certains ont commencé à vouloir se montrer plus créatifs et peut-être même trop… alors qu’ils n’avaient pas forcément les mêmes limites physiques que l’ancien lutin des Hawks.