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Par Joël Pütz | Journaliste sportif
Ayant connu énormément de succès partout où il est passé, Marcel Desailly est notamment devenu une légende du Milan AC dans les années 90. Son arrivée en Lombardie avait pourtant eu lieu suite à des machinations assez folles au sein du club.
On peut dire que comme choix de carrière, c’était osé. Vainqueur de la Ligue des Champions avec Marseille en 1993, Marcel Desailly avait choisi de quitter les Phocéens durant l’été suivant pour rejoindre… le Milan AC, qu’il venait tout juste de battre en finale. Une décision pourtant brillante à posteriori puisque le défenseur central s’était rapidement imposé comme un incontournable du club.
Dès la saison 1993-94, il réalisait ainsi le doublé en LdC tout en devenant champion d’Italie, avant de remporter une seconde fois le Calico deux ans plus tard. Et dire qu’il a failli ne jamais poser pied en Lombardie… Sénateur italien et autrefois dirigeant du club, Adriano Galliani avait ainsi dû agir à l’insu du big boss Silvio Berlusconi afin d’attirer le Tricolore. Il a raconté ce véritable feuilleton en interview avec TMW :
L’arrivée rocambolesque de Marcel Desailly à Milan
C’était une période difficile, le groupe était très endetté, et le PDG de Milan de l’époque, Franco Tato, a envoyé des lettres à tous les PDG des différents groupes Fininvest, il m’en a envoyé deux, disant que tous les investissements étaient bloqués jusqu’au prochain ordre. J’ai alors compris que si je demandais au président Berlusconi de recruter Desailly, il serait très embarrassé, car d’une part, il ne pouvait pas aller à l’encontre du PDG, mais il avait aussi le coeur milanista.
Puis, parce que je suis fou, je suis allé voir mon ami Bernard Tapie et j’ai réussi à faire dépenser 10 milliards de lires (environ 5.5 millions d’euros, ndlr) pour Marcel Desailly, sans le dire à personne. Quand Desailly est arrivé à Milan, je me souviens que Milan jouait un match de la Coupe d’Italie. J’étais avec Desailly, le président était au stade et les journalistes lui ont dit : « Vous avez pris Desailly ».
Le président était confus : « Mais non, c’est impossible, c’est impossible ». C’est la seule fois en 40 ans que j’ai été en black-out avec Silvio Berlusconi pendant quinze jours et Tato voulait me tuer. Mais c’est la seule année de notre histoire où nous avons gagné le championnat et la Ligue des champions. Je pense que l’arrivée de Desailly a été une combinaison incroyable.
C’était un peu un défenseur, un peu un milieu de terrain, il a changé la saison.
Un énorme pari donc du dirigeant qui avait littéralement mis son poste en jeu pour faire venir le champion du monde 1998. Comme il le disait cependant si bien, le pari avait été on ne peut plus payant pour les Rossoneri au vu du succès dans la foulée.
Conscient que les finances du Milan AC étaient catastrophiques, Adriano Galliani n’avait pas hésité à filouter auprès de la direction du club, y compris Silvio Berlusconi. Heureusement, Marcel Desailly n’avait pas mis longtemps avant de se rendre indispensable.
