Par Pierre-Andréa Fraile | Journaliste sportif
Auteur de l’une des carrières d’entraîneur les plus iconiques de l’histoire, Arsène Wenger a d’abord opéré au Japon avant de s’imposer à Arsenal. À l’époque défenseur de son équipe du Nagoya Grampus, Tetsuo Nakanishi est revenu sur cette fameuse période.
Dans une ère où le football paraissait encore moins international qu’à l’heure actuelle, il a pourtant osé s’expatrier en Asie. Licencié quelques mois plus tôt par l’AS Monaco malgré un bilan honorable, Arsène Wenger a choisi de rebondir au Japon, et plus précisément sur le banc de la modeste équipe du Nagoya Grampus. Un pari osé qui reste encore de nos jours entouré d’une certaine part d’ombre.
Tetsuo Nakanishi se livre sur l’image d’Arsène Wenger au Japon
Au moment de débarquer à Nagoya, en janvier 1995, Wenger a vite compris que la mission qui l’attendait s’annonçait relevée. Après tout, le club de la ville restait sur deux saisons mornes avec à sa tête le coach anglais Gordon Milne. Presque logiquement, c’est donc entouré d’un certain scepticisme qu’il a été accueilli sur place, comme le raconte Tetsuo Nakanishi dans les colonnes de Four Four Two :
Tetsuo Nakanishi : Personne n’a fait confiance à Wenger au début. Ils ont tous dit que c’était juste un autre étranger qui débarquait.
Des conditions tout sauf idéales pour lancer cette aventure à des milliers de kilomètres de la France, dans laquelle l’Alsacien avait jusqu’à présent toujours exercé en tant qu’entraîneur.
Et pourtant, cela n’a pas empêché Wenger d’enseigner et appliquer ses principes de jeu tant reconnus sur place. Ce, même si le football japonais et ses normes lui ont demandé une certaine adaptabilité. Grâce à lui, le Grampus a remporté les deux premiers titres de son histoire et a permis à ses joueurs de hausser leur niveau de performance. Cela a par exemple été le cas de l’ancien Marseillais Dragan Stojkovic, qui raconte :
Dragan Stojkovic : Arsène Wenger a tout changé au club et il a montré aux joueurs qu’ils pouvaient aimer jouer au football et apprécier l’entraînement. Le foot n’était pas seulement un travail et ils pouvaient s’exprimer librement. Cela a pris du temps mais les joueurs ont commencé à adhérer.
Sur le plan personnel, le milieu de terrain serbe a lui aussi retrouvé de sa superbe et se montre encore aujourd’hui reconnaissant envers le tacticien français :
Dragan Stojkovic : C’était vraiment un moment agréable d’avoir Wenger en tant que coach. En 1995, j’avais été élu meilleur joueur du championnat et lui était le meilleur entraîneur. Nous avons très bien travaillé ensemble. Et j’ai surtout appris de lui ce qu’était le football moderne.
Attiré au Japon par les dirigeants du Nagoya Grampus, Arsène Wenger ne jouissait pas vraiment d’une grosse cote à son arrivée sur place. À force de travail et de résultats, il a néanmoins su mettre tout le monde d’accord sur ses qualités d’entraîneur.