Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Légende du football français sur les terrains, Jean Tigana a également connu une belle carrière d’entraîneur par la suite. Néanmoins, l’ancien partenaire de Michel Platini au milieu de terrain n’a pas eu la chance, lui, de devenir sélectionneur des Bleus. Et la raison, bien que scandaleuse, lui a directement été communiquée par un gros nom du football français…
Ces dernières années, les entraîneurs issus de la diversité se font de plus en plus nombreux sur les bancs de Ligue 1. On peut notamment penser à Antoine Kombouaré, Habib Beye, Patrick Vieira, Samba Diawara ou encore Liam Rosenior. Mais il fut un temps où l’affaire était malheureusement beaucoup plus compliquée…
Jean Tigana écarté à cause de sa couleur de peau
En 2004, l’équipe de France se cherche un sélectionneur après un mandat pas franchement convaincant de Jacques Santini, soldé par une élimination en quarts de finale de l’Euro. Jean Tigana figure parmi les prétendants les plus crédibles au poste, mais l’affaire est déjà entendue : le président de la FFF ne souhaite pas voir un entraîneur noir à la tête des Bleus.
C’est ce qu’a expliqué Tigana au micro de L’Équipe :
Je l’ai su plusieurs jours à l’avance, quand M. Simonet, alors président de la Fédération Française de Football, est rentré d’un repas organisé pour les adieux de Jean-Claude Darmon. Ce soir-là, il a dit à une personne très importante dans le football français que je connais depuis plus de trente ans : « Maintenant, il y a trop de Noirs en équipe de France, on ne peut pas mettre en plus un sélectionneur noir. » Une phrase terrible même si je suis intimement persuadé que M. Simonet n’est pas raciste.
Une chose est sûre : si les choses se sont certes améliorées en 20 ans, tout est loin d’être parfait. L’un ds exemples les plus marquants est celui de Zoumana Camara, qui, après une belle carrière de joueur, n’a jamais vu un poste d’entraîneur en chef lui être proposé, lui qui a pourtant longtemps été adjoint au PSG.
Une situation qu’il ne s’explique pas, mais sur laquelle il a quelques pistes liées à sa couleur de peau :
Je ressens parfois un a priori sur moi, nous confie Zoumana Camara. J’ai visiblement une image positive, je suis perçu comme quelqu’un de sympathique, mais, quand je montre que j’ai un discours structuré, je vois comme une forme de surprise chez mon interlocuteur.
C’est ça qui est surprenant car, moi, je suis dans le football de haut niveau depuis trente ans, c’est étrange que l’on soit surpris que je sache de quoi je parle. Si demain, j’émets un avis politique construit, je conçois que des gens puissent être étonnés par mon propos car ce n’est pas mon domaine de compétences. Mais sur le foot, pourquoi une telle surprise ?
Conclusion