Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Si les frères Lebrun ont profité des Jeux Olympiques 2024 pour propulser le tennis de table français dans une toute autre dimension, il convient de ne pas oublier le taulier qu’est Jean-Philippe Gatien. Double médaillé olympique en 1992 et 2000, le quinquagénaire est une voix éminemment respectée dans le monde du ping-pong. Alors quand il parle des frangins, on écoute forcément…
Gérer l’effervescence, Jean-Philippe Gatien connait. Vice-champion olympique à Barcelone en 1992, un an avan d’être sacré champion du monde, celui qui a réussi une brillante reconversion par la suite avait mis le ping-pong sur le devant de la scène dans l’Hexagone. Mais cette effervescence n’a pas été simple à gérer pour lui, qui était pourtant plus âgé que les frères Lebrun – qu’il félicite :
La gestion du succès n’est pas aussi aisée qu’on peut le penser. On est valorisé, fêté, aimé, mais c’est en totale opposition avec la rigueur nécessaire pour être performant au plus haut niveau, dans un sport où les compétitions sont fréquentes. Je m’entraînais moins, j’étais moins performant et je n’ai quasiment plus gagné de match de septembre à novembre… J’ai l’impression que les frangins Lebrun ont plutôt très bien géré l’après-JO de Paris.
Jean-Philippe Gatien prévient au sujet des frères Lebrun
Dans ce même entretien, le natif d’Alès est également revenu sur la différence d’exposition de la discipline vis-à-vis du grand public depuis les JO 2024 et l’éclosion des frères Lebrun. Une évolution dont il se réjouit, même si lui n’en a pas bénéficié :
J’avais beaucoup moins été sollicité ! Pour Félix et Alexis, il y a un alignement des planètes entre leurs performances, leur histoire, leur jeunesse, leur fraîcheur, les résultats, et le côté spectaculaire du ping, de sorte que beaucoup de marques sont intéressées par leurs aventures.
J’avais répondu à énormément de sollicitations médiatiques alors qu’aujourd’hui, il y a une multiplication de jours pour les partenaires. C’est bien, c’est aussi le nerf de la guerre et ça fait partie du jeu.
Il est vrai que les Montpelliérains ont été aperçus partout, y compris, récemment au concert des Enfoirés. De quoi les détourner de leurs objectifs sur le terrain ? Gatien n’est en tout cas pas inquiet, même s’il annonce : un certain « yo-yo » peut survenir dans les performances des frangins.
L’entourage d’Alexis et de Félix, très axé sur la haute performance, a joué un rôle important dans l’anticipation, la préparation des esprits, et peut-être l’acceptation de se présenter à des compétitions en étant moins préparé.
Il n’y a pas de raison qu’ils deviennent moins performants du jour au lendemain. Dans les années post-olympiques il ne faut pas s’étonner des up and down (hauts et bas, ndlr), mais ils ont fait des choix pertinents, en se préparant pendant deux mois. Il faut savoir parfois couper pour travailler les choses, pour aller contrer les Chinois qui eux, historiquement, s’organisent pour préparer les gros événements de manière efficace en y consacrant du temps.
Tout heureux de voir Félix et Alexis Lebrun reprendre en quelque sorte son flambeau, et poursuivre le travail de démocratisation du ping-pong qu’il a entamé il y a une trentaine d’années, Jean-Philippe Gatien estime que le futur est radieux pour les deux frères. Il avertit toutefois leurs fans et le grand public de ne pas céder à la panique si quelques contre-performances venaient à se glisser dans cette année 2025. Car plus que jamais, Gatien croit au potentiel de ses héritiers !