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Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
L’aventure France 1998 n’a pas été exempte de conflits au sein du groupe, même si, à l’époque, tout se réglait davantage en interne. Frank Leboeuf en sait quelque chose suite à la polémique qu’il a créée après la demi-finale face à la Croatie. Au point d’aller s’expliquer en tête-à-tête avec le principal concerné : Laurent Blanc.
Il ne fait pas bon être honnête ou naturel dans le monde du football, et Frank Leboeuf l’a appris à ses dépens. Remplaçant derrière l’indéboulonnable charnière formée par Marcel Desailly et Laurent Blanc pour la Coupe du Monde 1998, le natif de Marseille a toutefois eu l’opportunité de toute une vie lors de l’expulsion de Blanc en demi-finale face à la Croatie pour un geste d’humeur sur Slaven Bilic.
Face à la presse, et bien que ses mots exacts restent sujets à débat, Leboeuf aurait alors indiqué que sa joie prenait le pas sur la tristesse de Blanc, ne masquant pas son bonheur d’être titulaire lors de la finale face au Brésil. Par ailleurs, le Français a été aperçu en train de s’enlacer avec Bilic à la fin du match, ce qui a nourri un sérieux ressenti au sein du vestiaire. La preuve avec les révélations de Leboeuf lui-même :
Je connaissais Bilic. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé. Le match se termine. Je me retourne. Bilic est là, il me prend dans ses bras, il me dit bonne chance pour la finale. Le lendemain, Didier Deschamps et Marcel Desailly ont placardé cette photo-là à la cantine de Clairefontaine. Je n’ai pas apprécié. J’ai dit que c’était scandaleux.
Frank Leboeuf revient sur son explication avec Laurent Blanc
4 ans plus tard, dans une interview pour « Le Parisien », Leboeuf était apparu encore marqué par cet épisode polémique :
Ça m’a fracassé. Je n’ai jamais dit que ma joie était plus forte que sa peine. J’ai entendu des choses incroyables. Que j’avais payé Bilic pour qu’il fasse expulser Laurent sous prétexte qu’on me voit dans les bras du Croate sur une photo !
On a évoqué une remise en cause devant le groupe. C’est un mensonge. Je n’avais pas à m’excuser. Je suis allé dans la chambre de Laurent pour lui expliquer ce que j’avais dit. Il a très bien compris comment ça s’était passé. On a toujours voulu nous opposer. On nous dit en froid. C’est totalement faux.
Pris en grippe par une partie du public à plusieurs reprises, pour cet épisode et pour d’autres raisons plus ou moins valables l’ancien défenseur de Chelsea avait fini par se faire une raison, non sans amertume :
Il n’y a pas que des gens intelligents dans un stade de foot. Je ne suis pas Zidane. Mais je fais partie de ce groupe France qui a permis à tous ceux qui me conspuent de faire la fête le 12 juillet 1998 et d’être heureux tout un été.
Incompréhension ou réelle maladresse ? Chacun a son avis sur la question, mais une chose est sûre : Frank Leboeuf est resté marqué par cet épisode, lui qui a affirmé « en vouloir » à Aimé Jacquet de ne pas avoir eu un mot de soutien pour lui. Le défenseur central a néanmoins parfaitement tenu sa place en finale, contribuant à la victoire culte (3-0) des Bleus. Et il peut en être fier.
