Par Guillaume K. | Journaliste sportif
Le 12 juillet 1998 est une date importante dans l’histoire du sport français, puisqu’elle marque le premier sacre des Bleus lors d’une Coupe du Monde de football. Frank Leboeuf était sur le terrain face au Brésil, et il se souvient parfaitement de cette interminable journée.
La génération France 98, pour le grand public, sera toujours représentée par Zinédine Zidane, double buteur lors de la finale contre le Brésil et héros national depuis ce 12 juillet. Mais en réalité, plusieurs individualités méritent la lumière, à commencer par Lilian Thuram. Sans sa solidité défensive et ses éclats de génie en demi-finale, le sacre aurait peut-être échappé aux hommes d’Aimé Jacquet.
Frank Leboeuf est l’un de ces héros trop peu mis en avant dans cette épopée, lui qui a eu un rôle particulièrement ingrat… Défenseur remplaçant, celui qui évoluait alors à Chelsea savait qu’il n’était qu’une solution de secours pour son sélectionneur, et l’accepter était la condition sine qua non pour faire partie de l’aventure. Comme il l’espérait, il a fini par avoir sa chance.
Frank Leboeuf honnête sur sa finale 98
« Grâce » au carton rouge de Laurent Blanc face à la Croatie, Leboeuf s’est subitement retrouvé propulsé dans le 11 de départ pour la finale la plus importante de l’histoire du football français. Et pour ne rien arranger, sa mission était de contenir le meilleur attaquant de la planète, à savoir le Brésilien Ronaldo. Pour le podcast Paradox, il est revenu sur « la pire journée de sa vie » :
Pendant les trois jours qui séparaient la demi-finale de la finale, et jusqu’à ce qu’on arrive au Stade de France, pour moi c’est un enfer. Je dis toujours que le 12 juillet 1998 est la pire journée de ma vie, mais la meilleure soirée. Je parle au niveau professionnel, parce qu’il y a une attente terrible. Les gens s’arrêtent sur l’autoroute pour nous voir, on pense qu’on va être en retard, la pression était palpable dans le bus.
J’ai lu l’histoire d’un moine bouddhiste qui avait fait le tour des villages pour trouver une télé et suivre le match… Ce qui met la pression c’est de savoir que tu es regardé par deux milliards de personnes, que 66 millions de Français veulent que tu gagnes, que 80.000 personnes dans le Stade sont là pour toi. Si tu te manques, on t’en parle jusqu’à la fin de ta vie. Par contre, dès que je sors du bus le stress disparait. Je connais cet environnement, c’est mon métier.
J’ai calculé mon rythme cardiaque dans le bus, j’étais à 180 battements par minute. Une fois arrivé dans les vestiaires je suis à 55. Je me disais que je ne pouvais pas jouer dans un tel état. Quand j’ai vu les Brésiliens dans le tunnel avant le match, je savais que c’était eux ou moi. Je n’avais qu’une envie, c’était de leur défoncer la tête.
La finale de la Coupe du Monde de football est un évènement suspendu dans le temps, 90 minutes pendant lesquelles le monde s’arrête pour suivre un seul et même match. Frank Leboeuf le savait, le sentait, et son coeur avait du mal à l’accepter.