Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
En dépit de son incroyable talent, Nicolas Anelka fait partie de ces footballeurs dont le grand public français ne veut pas, ou n’aime pas entendre parler. Une situation dont le principal intéressé est bien conscient, lui qui estime avoir été traité différemment en raison de sa couleur de peau et de son profil. Et c’est Yoann Gourcuff qui a fait les frais de cette explication musclée.
Comme Franck Ribéry ou Hatem Ben Arfa, Nicolas Anelka est un cas intéressant dans le football français. En effet, personne ne remet en cause le talent de ces joueurs balle au pied – pourtant, l’opinion publique les rejette massivement, principalement en raison de fiascos liés à l’équipe de France et de prises de position jugées inacceptables.
Dans le cas d’Anelka, qui avait commencé sa carrière de manière ultra-prometteuse, ce furent les insultes à Knysna, évidemment, mais aussi l’affaire de la quenelle, et quelques sorties médiatiques au vitriol. Bilan : aujourd’hui, le francilien est vu comme un paria par la plupart des fans de football.
Nicolas Anelka dénonce un deux poids deux mesures
Se sachant mal-aimé en France, l’ancien Madrilène estime que son profil de « banlieusard de couleur » lui a joué des tours. Avec son franc-parler habituel, il expliquait ainsi à « Onze Mondial » :
On me dit arrogant alors que je suis timide. C’est trop facile cette façon de voir les choses. Quand tu es « renoi » et que tu viens de la cité, ta timidité devient de l’arrogance. Par contre pour un bon Français de souche style Gourcuff, c’est de la timidité.
Après oui, avec les journalistes, ça peut être de l’arrogance. Quand je passe devant eux, je suis fier. Je leur fais comprendre : « Regarde, je ne te parle pas mais mon palmarès est bien fourni. J’ai réussi sans toi ». Et ça, je sais que ça leur met le seum. Je le fais exprès.
Bien conscient de ce côté « poil à gratter » anti-conformiste, Anelka ne regrette ou ne s’excuse que très rarement. Et il entend bien poursuivre ainsi :
Tu sais, quand tu fais des choses, il faut toujours assumer. C’est triste à dire mais il y a peu de gens, peu de joueurs qui assument. Tu vends ton âme parce que tu sais que derrière, si tu as une bonne image, il y a le gros chèque de Pepsi ou de Coca qui va tomber. Et tu sais que t’es obligé de faire certaines choses sinon tu peux perdre tes contrats et donc perdre beaucoup d’argent.
Moi, quand j’ai fait ma quenelle, j’ai perdu beaucoup d’argent. Mais je m’en bats les couilles.
Electron libre dans le monde du football, Nicolas Anelka sait que sa personnalité clivante a pu lui jouer des tours. Il estime néanmoins que le grand public et les médias auraient été plus tendres avec lui s’il avait eu le profil, par exemple d’un Yoann Gourcuff. Une affirmation qui ne manquera pas de faire réagir.