Par Joël Pütz | Journaliste sportif
S’il est désormais une superstar mondiale, Francis Ngannou a dû cravacher dur afin d’en arriver là, lui qui a notamment eu recours à l’immigration illégale pour quitter l’Afrique. Une expérience sur laquelle il porte désormais un regard sévère, comme confié à Canal+.
Aujourd’hui, son avenir financier ainsi que celui de ses proches est largement assuré. Grâce à ses débuts en boxe anglaise et son nouvel employeur au PFL, Francis Ngannou nage dans les millions. Un destin mérité pour l’ancien champion des poids lourds à l’UFC, car il récompense un véritable parcours du combattant qui aura duré des années.
Pour rappel, le combattant a grandi dans des conditions extrêmement précaires dans son Cameroun natal, devant notamment travailler dans les mines de sel pendant son enfance. Résultat, il a fait le choix très risqué de traverser illégalement la Méditerranée, se faisant refouler à plusieurs reprises avant d’enfin pouvoir poser les pieds sur le sol français. De là en a plus tard découlé une carrière sportive absolument fantastique.
Francis Ngannou sans filtre sur les dangers de l’immigration illégale
Difficile de faire plus belle histoire que celle du natif de Batié et sans surprise, elle en inspire beaucoup parmi la jeunesse africaine. Ce qui n’est pas pour rassurer le principal concerné, comme il l’a confié à Mouloud Achour dans l’émission Clique TV. Ngannou avait alors rappelé que son long périple avait été semé d’embûches parfois mortelles :
Quand tu as fait un parcours comme ça et que les gens voient que ça marche bien pour toi, dire aux gens de ne pas le faire, déconseiller ça aux gens, c’est très mal perçu. Pour mon cas par exemple, quand je suis arrivé après avoir vécu tout ça, j’ai dit à ma famille, ceux qui pouvaient m’écouter, j’ai dit : « Écoutez, c’est tellement risqué que moi, je le conseillerai à personne.
Je préfèrerais que vous restiez au Cameroun et que moi, puisque je suis déjà mouillé… Voilà, il n’y a plus rien à faire, j’avance et si ça marche, de là, on peut essayer de voir ce qu’on peut faire. Mais je ne serai pas responsable pour quelqu’un qui vient ici parce que je sais qu’il peut ne plus être des nôtres du jour au lendemain.
Un avis particulièrement tranché du Predator, qui a donc subi pas mal de critiques pour cela. D’un autre côté, il parfaitement de quoi il parle… et avec le recul, il n’hésite pas à dire que son avenir aurait pu être bien différent s’il avait eu à le refaire :
S’il fallait recommencer, en connaissance de cause, je ne crois pas que j’aurais recommencé.
Francis Ngannou est en quelque sorte un arbre qui cache la forêt. Oui, son histoire est magnifique… mais elle occulte parfois les destins tragiques de milliers d’autres migrants qui n’ont pas eu autant de chance, tant l’entreprise est dangereuse. Il en est parfaitement conscient et ne recommande pas aux Africains de suivre son exemple.