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Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Figure bien connue de tous les amateurs de football depuis près d’un demi-siècle, Luis Fernandez a toujours été connu pour son franc-parler et sa capacité à dire les choses – même celles qui dérangent. Il y a quelques années, l’ancien coéquipier de Michel Platini avait ainsi livré son ressenti glacial sur l’état du football français. Sans retenir ses coups.
Quand on parle de modèles d’intégration, difficile de ne pas mentionner Luis Fernandez. Né en Espagne, à Tarifa, l’homme aux 60 sélections en équipe de France est arrivé dans l’Hexagone à 9 ans, en banlieue lyonnaise. Pourtant souvent victime de racisme et de remarques insultantes, il a rapidement appris le français, puis s’est établi comme un joueur majeur des Bleus dans les années 1980.
La victoire de l’équipe de France au championnat d’Europe 1984, le premier trophée tricolore, a d’ailleurs contribué à amorcer une certaine bascule dans la perception du football par la masse populaire. Mais pour celui qui est reconverti en consultant depuis de longues années, la culture du ballon rond reste faible en France, sans égal à celle que l’on trouve chez nos voisins européens.
Luis Fernandez pas tendre avec le football français
Dans une interview donnée à « Onze Mondial » en 2016, Fernandez avait ainsi dressé un portrait au vitriol du football français, bien loin de ses concurrents principaux :
Quand j’entends que la France est un pays de football, ça m’insupporte. La France n’a pas de culture football. En Espagne, en Allemagne, en Angleterre ou en Italie, il y a une vraie culture foot. Les Anglais, certes avec des moyens colossaux, ont clairement progressé.
En Allemagne, il y a un vrai modèle économique et les stades sont pleins tous les week-ends. En Italie, même si on dit que le championnat est sur le déclin, il y a toujours des grands clubs. Nous, on est à la traîne. Alors c’est vrai qu’on vend des joueurs, que les autres championnats viennent piocher chez nous. Mais on vend des joueurs moyens, il ne faut pas se faire d’illusions.
Si les Anglais viennent acheter des joueurs chez nous, c’est aussi parce qu’ils ne peuvent pas piocher en Espagne ou en Allemagne. C’est trop bon, et c’est aussi trop cher.
Sur sa lancée, Fernandez avait ensuite conclu sa diatribe en félicitant Zinédine Zinade de son choix, lui qui avait choisi d’entraîner au Real Madrid alors que Bordeaux le convoitait :
Le niveau du football français aujourd’hui est extrêmement moyen. Heureusement que Zidane n’est pas venu entraîner Bordeaux l’année dernière, il vaut mieux qu’il reste au Real Madrid. Quand il va voir le physique, la culture tactique, technique, c’est clairement autre chose que dans l’Hexagone.
Depuis 2016, il n’y a malheureusement pas beaucoup d’évolutions de nature à rassurer Luis Fernandez. À l’heure où la Ligue 1 n’intéresse quasiment plus personne à l’étranger, et où le contrat avec le diffuseur est bancal, rien ne semble avoir été fait pour sortir le football tricolore de sa torpeur. Et 10 ans, presque, sont passés depuis ce cri d’alerte de l’ancien coach du PSG…
