Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Talent brut exceptionnel, Hatem Ben Arfa n’a jamais réussi ni à réaliser son plein potentiel, ni à se faire apprécier du grand public. De là à parler de rupture avec la France ? Le principal intéressé s’en était expliqué lors d’une rare interview, accordée en 2016. Et qui en surprendra sûrement certains.
15 petites sélections, pour 2 buts. C’est le maigre bilan de la carrière d’Hatem Ben Arfa sous le maillot de l’équipe de France, lui qui était pourtant présenté comme la future star des Bleus à ses débuts. Mais comme tout au long de son parcours en professionnel, le natif de Clamart n’a malheureusement jamais atteint son plein potentiel.
Quand Hatem Ben Arfa évoquait son rapport à la France
Membre de la fameuse « génération 1987 », Ben Arfa a aussi rapidement pâti d’un problème d’image, qui lui a valu, comme Samir Nasri ou Franck Ribéry, d’être pris en grippe par l’opinion publique. De quoi le pousser à se montrer critique envers la France, comme ses deux ex-coéquipiers nommés ci-dessus ? Non, la preuve dans un entretien accordé à « Onze Mondial » en 2016 :
Je suis très attaché à la France. Mais c’est juste normal, c’est mon pays. Je suis né ici, j’ai grandi ici, j’ai fait ma formation ici, j’ai tout fait ici. Jouer en équipe de France et représenter mon pays partout dans le monde, c’est exceptionnel pour moi.
Depuis que je suis tout petit, la France m’a tout apporté. C’est le pays qui a accueilli mes parents, ma famille. C’est une fierté d’être international français. Porter le maillot bleu, c’est une émotion forte.
Malheureusement, cet attachement n’a pas souvent transparu, soit par timidité, soit par erreurs de communication, soit par une absence d’opportunités. De fait, le grand public n’a jamais pu voir un Ben Arfa au sommet de son art sous le maillot bleu, ce qui reste un grand regret.
Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Jean-Alain Boumsong, qui a côtoyé Ben Arfa à l’Olympique Lyonnais, déplore encore la carrière au goût amer de son ex-coéquipier :
Quand j’arrive à Lyon en janvier 2008, Hatem Ben Arfa, c’est Cristiano Ronaldo en gaucher. A l’entraînement, on avait l’impression d’être des cadets et que lui était sénior. Il éliminait tout le monde… C’est un artiste, et comme tous les artistes, il est insaisissable, il fonctionne à l’instinct et ça donne des performances en dents de scie…
Je n’ai pas envie de dire ça, mais j’ai peur que ce soit un gâchis. Sa carrière reste correcte mais Hatem aurait dû jouer dans les plus grands clubs du monde.
Hatem Ben Arfa l’assure : s’il a parfois été pris dans le tourbillon d’une génération tricolore largement reniée par l’opinion publique, son attachement à la France, aux Français et au maillot bleu n’a jamais vacillé. Une raison de plus, malheureusement, de voir sa carrière sous le prisme d’un gigantesque regret.