Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Lancé dans une carrière de consultant qui lui convient à merveille et qui marque le retour d’une présence régulière sur les écrans en France, Samir Nasri sait que la relation entre son pays et lui n’a pas toujours été simple. Et alors qu’il s’apprête peut-être à dissiper quelques malentendus, une interview passée permet d’y voir plus clair dans la tête de l’homme aux 41 sélections en bleu.
Comme Franck Ribéry, certes un peu plus âgé, ou encore ses compères de la génération 1987 que sont Karim Benzema et Hatem Ben Arfa, Samir Nasri est passé à une époque jugée « noire » pour le football français, et lors de laquelle l’opinion publique n’a pas été tendre envers eux. Une incompréhension en a résulté, et rien n’a vraiment été résolu aujourd’hui.
Samir Nasri fustige la mentalité française
Alors Samir Nasri est-il mal aimé ? Oui et non. Tantôt soutenu et complimenté dans la rue, tantôt critiqué dans la presse ou les réseaux sociaux, celui qui a tant fait parler de lui lors de l’Euro 2012 ne se pose plus vraiment la question. Dans les colonnes de « Onze Mondial », il expliquait néanmoins il y a quelques années :
Est-ce que les Français ne m’aiment pas ? Jamais personne n’est venu me voir. Après en même temps, qui va venir me voir en face et me dire : « Je t’aime pas » ? Personne ne fait ça. Je suis peut-être aimé par les gens de banlieues, par les gens qui se reconnaissent en moi. Par d’autres personnes, je suis mal aimé parce que je ne conviens pas ou que je n’ai pas une attitude que je dois avoir peut-être…
D’après l’ancien Citizen, c’est un problème de ressenti vis-à-vis du succès des autres qui pose problème en France :
Si c’est de la jalousie ? Oui, mais c’est la France. Ça a toujours été comme ça. Aux États-Unis, il n’y a aucun problème. Tu vas sur le site de la MLS, tu as tous les salaires des joueurs qui sont affichés. Lorsque les gens se baladent dans la rue, au contraire, on le respecte. En Angleterre, on connaît plus ou moins les salaires des joueurs. Tu crois qu’il y a quelqu’un dans la rue, qui va venir me voir et me dire : « Tu es trop payé » ?
Jamais personne ne va te dire quoi que ce soit. Les gens te respectent. Il n’y a qu’en France où il y a ce rapport. Lorsque tu gagnes de l’argent, tout le monde te regarde, tout le monde est jaloux, tout le monde est envieux. C’est la mentalité française, c’est comme ça. Toujours envieux, toujours à critiquer.
Dans ce même entretien, Nasri l’affirmait : il n’entendait pas revenir vivre en France à la fin de sa carrière. Pourtant, il rappelait avoir « ma famille, mes racines », et assurait ne pas avoir de problème avec les Français :
Je n’ai aucun problème avec la France, je n’ai aucun problème avec les Français. J’ai un problème avec… Non, même pas, j’ai eu un problème avec des journalistes. Je ne mets pas les Français dedans. Ils n’ont rien à voir. Quand je les croise dans la rue, à part m’encourager et me dire : « Tu nous manques »… Il n’y a rien d’autre. Il ne faut pas tout mélanger.
Les propos de Samir Nasri illustrent bien l’ambiguïté de son rapport aux Français : s’il assure ne rien avoir contre eux, il déplore pourtant la mentalité de la population vis-à-vis de la réussite des autres, avec notamment des accusations de jalousie. Quoiqu’il en soit, le Marseillais reste droit dans ses bottes, lui qui a aussi gagné en maturité depuis ses jeunes années.