Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Pilier de l’équipe de France pendant de longues années, et respecté par l’ensemble du vestiaire, Marcel Desailly a vu l’évolution progressive de Zinédine Zidane au sein du groupe bleu. Très élogieux envers son ex-coéquipier, il a toutefois souligné une différence fondamentale entre 1998 et 2000 concernant Zizou.
L’un a été sélectionné dès 1993, l’autre en 1994. Ensemble, Marcel Desailly et Zinédine Zidane ont participé à la reconstruction de l’équipe de France après le drame Kostadinov, avec, en point d’orgue, un doublé Mondial-Euro en 1998 et en 2000. Et évidemment, chacun dans leur registre, les deux hommes ont été indispensables à cette réussite historique.
Desailly, l’ancien, était vice-capitaine et plus proche confident de Didier Deschamps. Il était aussi le patron de la défense aux côtés de Laurent Blanc, avec qui il n’a quasiment jamais connu la défaite. Zidane, lui, était l’artiste sur le terrain… surtout, d’ailleurs, en 2000. C’est en tout cas l’avis du grand Marcel.
Marcel Desailly se souvient de Zinédine Zidane en bleu
Interrogé par beIN Sports lors d’une rétrospective sur l’Euro 2000, le « roc » avait en effet souligné la grande différence entre le Zizou de 1998 et celui de 2000, tout en le couvrant de louanges :
Zidane, il était plus en paix. On l’avait vu dans le cadre de la Coupe du Monde 1998 nerveux, avoir envie de tout faire à lui tout seul. Là, il nous a fait confiance, c’est surtout ça. Il a fait confiance au collectif.
Nous, l’idée, c’était de juste faire notre boulot : être forts, bloc défensif, costaud, lever la tête, et trouver Zizou. J’ai toujours dit que Zizou, il nous voit et voit l’adversaire au ralenti, en slow motion. Il a toujours un temps d’avance. L’adversaire vient à droite, il va à gauche. Il s’aperçoit d’autre chose, il a toujours une option, un dixième de seconde d’avance dans sa gestuelle. Et son coulissement des hanches était magique.
Et comme beaucoup d’anciens coéquipiers de Zidane, au-delà des moments de légende réussis par le Marseillais durant les matchs, c’est à l’entraînement qu’il faisait le plus tourner la tête à ceux autour de lui. Véritable moteur par son unique talent brut, le numéro 10 emmenait tout le monde avec lui sans dire un seul mot. Admiratif, Desailly se souvient :
On l’a vu faire des choses merveilleuses à l’entraînement. Il rehaussait le niveau global. Si on était amenés à faire un 8 contre 8, quand il n’était pas là, on s’apercevait que c’était plus lent, plus tranquille, avec moins d’intensité. Et tac : Zizou au sein du groupe, d’un seul coup, plus personne ne peut se permettre de faire des erreurs techniques. On était appliqués, c’était fabuleux. Naturellement, il rehaussait le niveau collectif des deux équipes.
Chacun à leur manière, et dans des registres éminemment différents, Marcel Desailly et Zinédine Zidane ont contribué à l’époque dorée de l’équipe de France à la fin des années 1990. Et le fait que l’ex-défenseur du Milan AC soit aussi impressionné, lui qui a joué avec et contre le panthéon du football mondial, en dit long sur Zizou…