Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Auteur d’une excellente carrière dans le championnat italien, Vincent Candela n’a toutefois jamais vraiment eu la reconnaissance qu’il méritait en équipe de France. Il faut dire que l’impérial Bixente Lizarazu s’est imposé sur son côté gauche, et de manière irréversible. Une situation sur laquelle Candela est revenu récemment, avec une grande honnêteté sur son ex-concurrent.
C’est une vérité immuable du football : il n’y a de la place que pour 11 joueurs sur le terrain. Parmi eux, l’équipe de France 1998 comptait plusieurs cadres indéboulonnables, comme Didier Deschamps, Laurent Blanc, Zinédine Zidane, ou encore Bixente Lizarazu. C’est d’ailleurs l’émergence de ce dernier qui n’a laissé que des miettes à sa doublure, Vincent Candela.
Vincent Candela honnête mais lucide sur son statut dans France 98
S’il peut certes se targuer d’avoir accumulé 40 sélections sous le maillot tricolore, l’ancien joueur de l’AS Roma n’a jamais pu déloger Lizarazu. Ce fut notamment vrai durant le Mondial 98, lors duquel Candela n’a joué que 90 minutes lors du 3ème match de poules face au Danemark. Le reste du temps, la star du Bayern Münich n’a pas manqué une minute à l’appel.
Toutefois, cette situation n’a pas de quoi générer de l’amertume pour Candela, qui a expliqué dans un entretien à la FIFA :
Je garde le souvenir d’un groupe fantastique, uni. J’ai eu peu de temps de jeu, mais je sentais que je faisais partie du projet et de l’équipe. J’ai principalement été sur le banc, mais quand je suis arrivé, il y avait déjà Lizarazu et Thuram sur les côtés. Et ils étaient encore là quand j’ai quitté l’équipe nationale.
Pour autant, et avec le degré de confiance en lui qu’il faut pour exceller au haut niveau, Candela ne s’estime pas inférieur à Lizarazu – mais simplement différent dans son profil. Il explique ainsi :
J’ai compris que dans ce type de compétition, ce qui compte n’est pas uniquement qui joue. Par exemple, je ne me sentais pas moins bon que Lizarazu. Lui était plus défensif que moi, et c’est ce que recherchait l’entraîneur à ce moment-là. Moi, je n’ai pas peur de le dire : j’étais meilleur que Liza sur le plan technique. Après Zidane, j’étais l’un des joueurs les plus techniques de cette équipe.
Mais sur les côtés de la défense, le coach voulait des joueurs défensifs, des guerriers, et Thuram et Lizarazu étaient exactement cela. C’est aussi ça qui nous a fait gagner. Tout cela m’a fait grandir et comprendre l’importance de l’esprit de groupe.
Plein de maturité, Candela a donc été un coéquipier modèle, qui est d’ailleurs à l’origine de l’adoption de la fameuse chanson « I Will Survive » de Gloria Gaynor par l’effectif. Son autre fait d’armes réside dans une prédiction assez dingue, depuis le banc de touche, sur la séance de tirs au but du quart de finale face à l’Italie :
Di Biagio jouait avec moi à la Roma. Je savais qu’il frappait les penalties très fort et au milieu. En parlant avec Barthez, je ne lui ai pas donné de conseil, je lui ai juste dit : « Il va frapper fort et sur la barre ». C’est exactement ce qui est arrivé. Encore aujourd’hui, Di Biagio est un grand ami, et je suis désolé pour lui d’avoir fait cette prophétie…
Persuadé de ne pas être moins bon que Bixente Lizarazu, et même meilleur techniquement et offensivement selon lui, Vincent Candela a compris que le profil de son rival correspondait mieux à ce que recherchait Aimé Jacquet. Sans amertume ni arrière-pensée, il a donc endossé son rôle de remplaçant, et mérite pleinement son statut de champion du monde 1998. Chapeau !