Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Comme il l’a montré à la fois en tant qu’entraîneur de natation et en tant que consultant, personne n’est à l’abri des saillies verbales parfois inattendues de Philippe Lucas. Amélie Mauresmo en sait quelque chose, elle qui a été l’objet d’une phrase osée de la part du sexagénaire, alors qu’il évoquait son ancienne protégée Laure Manaudou.
Tout n’a pas toujours été rose entre Philippe Lucas et Laure Manaudou, et la fin prématurée de leur collaboration laisse d’ailleurs aujourd’hui un goût amer aux deux figures de la natation française. Très tôt, l’entraîneur à la crinière blonde a traité la nageuse comme une adulte, y compris dans les engueulades. Résultat : le succès est arrivé vite, et même très vite.
Son heure de gloire, Laure Manaudou l’a en effet connue à seulement 17 ans, en devenant championne olympique du 400m nage libre à Athènes. En « une » de L’Équipe, évidemment, la jeune championne dépasse largement le cadre de la France. En Grèce comme dans le monde entier, elle devient une star.
La machine se met en route, et tout le monde se prend de passion pour l’adolescente déjà au Panthéon. Dans les colonnes du « Figaro », Florent Manaudou se souvient :
Tout le monde s’est jeté sur elle. ’avais 13 ans, et c’est là que j’ai compris que ma sœur était devenue une icône.
La comparaison peu flatteuse de Philippe Lucas pour Amélie Mauresmo
Pour expliquer cette incroyable popularité, Philippe Lucas a eu recours à une comparaison peu glorieuse, dans ce style caractéristique. Et c’est Amélie Mauresmo qui, comme Mary Pierce, en a fait les frais :
Personne ne regardait Mauresmo ou Pierce, qui sont pourtant de grandes championnes. Elles passaient pour des caissières à Mammouth (enseigne d’hypermarchés qui a disparu en 2009, ndlr) !
Une sortie certes assez hasardeuse, mais qui sert surtout à illustrer l’immense popularité qu’avait alors atteint Laure Manaudou, au-delà de certains des noms les plus ronflants du circuit de tennis féminin.
Malheureusement, la relation entre Lucas et sa pépite s’est ensuite dégradée, empêchant la sportive de se bâtir un palmarès à la mesure de son talent. Avec du recul, elle a émis quelques regrets, et a tenu à rappeler la spécificité et la force du lien qui l’unissait à son coach dans ses jeunes années :
Le mec te hurle dessus et, quand tu sors le pied de la piscine, c’est : “Qu’est-ce que tu veux, ma chérie ?” C’est pour ça que cela a bien marché entre nous. S’il avait été trop laxiste, je ne serais pas venue à l’entraînement.
Prendre des pincettes ? Ce n’est pas le genre de Philippe Lucas, qui utilise toujours un langage fleuri et imagé lorsqu’il s’exprime. Espérons qu’Amélie Mauresmo ne lui en voudra pas trop, elle qui fut aussi une immense championne française, mais qui, comme tous les autres athlètes à Athènes, était loin de la « Manaudou-mania » qui s’était emparée de la Grèce.