Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Sous l’impulsion de Jean-Michel Aulas, l’Olympique Lyonnais est devenu le club-référence en France entre la fin des années 1990 et la fin des années 2000. Il faut dire qu’une véritable culture avait été instaurée au sein du club, jusqu’à mettre en place un interdit assez dingue à première vue, mais bien réel. C’est ce qu’a expliqué Jérémy Clément.
De tous les derbys qui se déroulent dans le championnat de France, tout le monde sera d’accord pour le dire : la référence est l’opposition historique entre l’Olympique Lyonnais et l’AS Saint-Etienne. En 125 rencontres, l’OL a pris le dessus 47 fois, et Saint-Etienne 44, pour 34 matchs nuls. Car il ne faut pas s’y tromper : à chaque affrontement, c’est la fierté de tout un peuple qui est en jeu.
Cette mentalité est inculquée très tôt aux joueurs qui, dès les catégories de jeunes, voient l’importance du derby leur être martelée. Comme le disait le regretté Georges Bereta, gagner un derby peut suffire à réussir sa saison côté Saint-Etienne – ce qui atteste de l’importance de ce match. Alors les éducateurs ne lésinent pas sur les moyens.
La règle anti-stéphanoise imposée au sein de l’OL
Dans une interview accordée au « Parisien », Jérémy Clément, formé chez les Gones, a dévoilé que les jeunes joueurs de Lyon étaient interdits de s’habiller en vert dans le civil à son époque :
J’ai joué énormément de derbys. Je n’en ai jamais perdu chez les pros, mais au centre de formation, où je suis arrivé à 13 ans, si. Dès le plus jeune âge, on nous inculquait la rivalité avec Saint-Etienne. Il était interdit de s’habiller en vert. Tous mes éducateurs étaient des anti-Stéphanois.
D’ailleurs, à Saint-Etienne, ce sont plutôt les entraîneurs des équipes de jeunes qui m’ont chambré sur mon passé lyonnais. C’est comme ça, ça fait partie du folklore.
Est-ce excessif ? Certains peuvent le penser, mais chacun des Stéphanois et des Lyonnais, eux, comprennent la logique derrière tout cela. Dans les années 1970, déjà, Raymond Domenech lâchait fièrement que « le vert (lui donnait) des boutons ».
À titre personnel, Jérémy Clément a fait ce qu’une poignée d’autres joueurs a également osé : signer à Saint-Etienne un peu plus tard, alors qu’il avait été formé à Lyon et qu’il y a même débuté en professionnel. Le milieu de terrain, passé par 2 clubs entre-temps, avait toutefois été plutôt bien accueilli dans le Forez. Et il assume :
Je garde toujours un bon souvenir de Lyon, où j’ai passé tant d’années et où j’ai fait mes premiers pas en pro. Je suis supporteur, je garde forcément quelque chose de toutes les équipes où je suis passé. En arrivant à Saint-Etienne, on ne m’a pas fait ressentir que j’étais un ancien Lyonnais. Ça fait partie de ma carrière. Je me sentais bien là-bas, il y avait une super ambiance.
Si les deux équipes n’ont pas souvent été alignées en termes de réussite sportive, le derby entre Saint-Etienne et Lyon reste un véritable monument du football français, inculqué dès le plus jeune âge à travers des règles aussi saugrenues que l’interdiction de s’habiller en vert dans les infrastructures lyonnaises. Du folklore comme on l’aime, à l’ère du foot business !