Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Être sélectionneur d’une équipe nationale est assurément l’un des métiers les plus stressants qui existent au regard de la grande pression populaire et médiatique. Alors comment Didier Deschamps, en poste à la tête des Bleus depuis 2012, a-t-il vécu les choses ? Après la Coupe du Monde remportée en 2018, il avait livré quelques détails assez saisissants.
La gestion du stress est cruciale dans le sport, et peut-être plus encore pour les entraîneurs qui, eux, ne peuvent pas agir sur le terrain, mais qui concentrent toutes les critiques en cas d’échec. Didier Deschamps le sait bien, lui qui a tout connu ou presque sur les bancs de touche, mais dont l’apothéose reste le sacre en Russie en 2018.
L’inexplicable sérénité de Didier Deschamps en 2018
Un peu comme Aimé Jacquet en 1998, Deschamps était habité par la quasi-certitude que son équipe irait au bout. Alors quand « Le Parisien » lui a demandé s’il était sorti essoré psychologiquement de ce Mondial, comme c’est le cas de tous les sélectionneurs habituellement, « DD » a été catégorique : la répons est négative.
Honnêtement ? Non. J’étais calme et zen pendant la compétition. Vous voulez savoir pourquoi ? Parce que j’ai gagné cette coupe. J’étais totalement immergé. Je ne voulais pas être dérangé. J’étais avec mon groupe, mon staff, qui est si important pour mon travail. Mon staff était incroyable. Il y avait un vrai sentiment de solidarité avec ma vingtaine de collaborateurs. J’ai toujours dormi tranquille. Bien mieux qu’en 2014. Je ne me suis pas retrouvé fatigué.
Par rapport à son premier Mondial en tant que coach en 2014, « DD » a même réussi à rompre avec deux habitudes néfastes : se ronger les ongles, et prendre des calmants de temps à autres pour dormir.
Si je suis épuisé psychologiquement ? Non, car j’ai pu récupérer. J’ai réussi à dormir, même dans les pires situations. J’oublie, et je dors. Je n’ai même pas eu besoin de prendre des cachetons pour dormir. J’ai réussi à ne pas me ronger les ongles, alors que je le fais depuis 45 ans ! J’aurais dû être stressé, mais je ne l’étais pas.
C’est donc avec une impressionnante force tranquille, qu’il a peut-être perdue en 2021 et 2022, que Deschamps a traversé cette compétition en Russie. Il expliquait alors, avec autorité et certitude :
Je me pose toujours des questions, j’essaie de trouver des réponses, je discute avec mon staff, j’échange avec eux… Il y a peu de place pour le doute. Comment parler ou faire passer un message aux joueurs si on est toujours confronté au doute ? Ce n’est pas crédible.
Je réfléchis d’abord, et les réponses viennent, parfois plus tard. Je regarde d’un côté, puis de l’autre, mais quand j’ai décidé, j’ai décidé. Je me mets dans une situation où je me donne un délai pour prendre des décisions. Et je suis le seul à prendre ces décisions.
Si on souhaite évidemment à Didier Deschamps de clôturer son aventure à la tête des Bleus de la plus belle des manières en 2026, c’est bel et bien en 2018 que « DD » semblait au sommet de sa maîtrise du sujet. Et le fait qu’il ait pu vivre son Mondial sans un petit somnifère et sans se ronger les ongles en dit long sur le sujet !